#RestezChezVous

Mercredi 20 Mai 2020

Me voilà acculée, frigo vide… il me faut me résoudre à me rendre dans le Centre Commercial que j’avais l’habitude de fréquenter avant l’apparition du Coronavirus.

J’appréhende… je m’attends à des files d’attente immenses, à l’intérieur impossible de respecter les distance de sécurité… il faut prendre son mal en patience…et le masque est de rigueur.

Ce sont de vraies provisions de guerre qu’il me faut faire et en voiture s’il vous plaît, malgré la promotion de la mobilité douce.

Hardi Petit !  Me voilà au volant et advienne que pourra !

Première surprise, une circulation fluide et agréable, peu de voitures… parking aux places nombreuses… une ambiance calme et respectueuse, une personne par ascenseur…on attend le suivant.

Alors oui , de nouvelles habitudes à prendre: respecter l’affichage et les indications au sol, utiliser le gel hydroalcoolique fourni, prendre la carte qu’on vous tend à l’entrée de la Migros, la restituer en sortant.

Surprise de taille en passant par la Poste, la Pharmacie et la Migros, j’ai effectué mes courses en un temps record.

J’étais à l’heure creuse, quasi aucune attente et dans le magasin, avec le peu de clients , accès facile à tous les présentoirs , aucune bousculades, attentes patientes souriantes et respectueuses… et en plus, je n’en reviens toujours pas, j’ai trouvé tout ce qui me manquait, eau de javel, papier ménage, papier Q, gel hydroalcoolique, masques à des prix abordables et en quantités suffisantes.

Je réalise que ma vie sociale recommence au plaisir que pharmacienne, postière et caissière ont manifesté en me voyant en pleine forme.

Une page se tourne…

Une autre s’ouvre devant moi avec toutes ses promesses de changements auxquels il va falloir s’adapter.

 

 

 

Texte et photographies : 20. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Mardi 19 Mai 2020

Une onde de choc aussi soudaine qu’inattendue 

va brutalement modifier nos habitudes.

En surface des ronds concentriques,

des zones à traverser: 1ère vague, 2ème vague …

Surtout chacun doit se montrer raisonnable,

prendre soin de lui et d’autrui,  

rester docile et stoïque face aux effets

médicaux  et économiques désastreux du coronavirus,

quitte à y perdre le peu de latin qui lui reste.

L’incertitude, l’angoisse et la peur amènent leur cortège de

solitudes extrêmes, repli sur soi, conflits, agressivité, ruptures,

coups moraux et physiques, discussions stériles…

Elles sont très mauvaises conseillères, 

elles  inhibent toute  pensée et action positive….

 

 

 

Texte et photographie : 19. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

 

Lundi 18 Mai 2020

Gouttes de rosées

déposées ce matin, 

promesses de lendemains

d’allégresse, d’ivresse

 

Jamais osées…

 

Texte et photographies : 18. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Samedi 16 Mai 2020

Ma première sortie hors de mon village me conduisit à Carouge dans la galerie Krisal de Christine Ventouras.

J’allais chercher deux bougies avec le nouvelle devise fédérale : « il faut agir aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire « ( A. Berset ).

Le temps de tailler la bavette avec Christine, lui acheter quelques masques qui vont m’être utiles dans les transports en commun, me voilà de retour chez moi.

Une photographie des fameuses bougies à poster sur Facebook.

Ayant pris goût à ma liberté retrouvée, je me hasarde à aller au bord du Lac.

La pluie menace, je glisse ma pèlerine dans mon sac à dos. Et au moment de la charger sur mon sac le trouve bien lourd. Pas de temps à perdre  « Andiamo !»  La rade m’attend, je suis pressée d’y retourner.

Le temps gris et froid sans pluie me fait renoncer à prendre le sac trop lourds à mon goût et gênant pour prendre des photographies.

Je ne suis pas restée longtemps, mes doigts s’engourdissaient sous l’effet du froid.

Arrivée chez moi, je vide mon sac à dos, pèlerine au porte-manteaux , agenda et bouteille à leur place et là sous mes doigts, je sens quelque chose de dur, regarde et voit la seconde bougie.

C’est donc elle qui était si lourde.

Il faut dire quelle vaut son pesant d’or avec la devise Suisse de cette période de pandémie.

 

 

Texte et photographies : 16. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Vendredi 15 Mai 2020

Attirée par un magasin de fruits et légumes ouvert, je pénètre et suis en face d’un étalage des plus colorés , aux fruits et légumes des plus beaux et appétissants.

Je fais un tour en toute tranquillité, il n’y a personne. Mon dévolu se porte sur des courgettes, cerises, kiwis, tomates charnues et bien rouges. 

On m’offre de déposer chaque produit, après s’être désinfecté les mains, dans un sachet en papier sans que je les touche  . C’est la règle.

Une tomate un peu molle et une cerise tombée par-terre sont mises de côté.

Le vendeur choisit et met en cornet suivant mes desiderata.

Je paie par carte, comme il se doit, et après avoir ouvert mon sac à dos , il y dépose chaque achat suivant un ordre établi en veillant à ce que les tomates ne soient pas écrasées.

Avant de le quitter je lui demande comment il a vécu cette période de Coronavirus:

  • Ça va , je ne peux pas me plaindre, j’ai juste de quoi vivre, c’est l’essentiel et je n’en demande pas plus.

Sac sur le dos , bras chargés de cornets, je me retrouve dans la rue…

Quel bonheur d’avoir pu à nouveau faire mon marché. Je l’apprécie d’autant  que j’en ai été privée pendant 2 mois.

Je salive déjà au plaisir de pouvoir déguster fruits et légumes frais.

J’entend le grésillement de l’huile d’olive, le ronronnement du four, le sifflement de la marmite à vapeur…

Que de bonheurs culinaires en perspectives…

 

Texte et photographies : 15. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Jeudi 14 Mai 2020

L’autre jour au bord du Lac, j’avais rendez-vous avec les oiseaux…

Les pigeons picoraient les graines jetées pour eux par  tous ceux qui se préoccupent de leur bien-être.

L’un d’eux gonflait son plastron en roucoulant intensément et crescendo.Il m’amusa.

Parmi eux, un moineau voletait autour de sa femelle.

A la surface du Lac, une nette rousse portait fièrement sa tête flamboyante.

Dans l’ombre du quai, un couple de grèbes étaient aux affaires de concert.

Ils me paraissait tous si coloré, comme si « Mir  Couleurs «  avait fait son effet au lavage . 

Serait-ce simplement dû à la pluie qui ravive les couleurs ?

Prenant le temps d’observer plus attentivement, je constatai qu’ils s’agissait de mâles qui faisaient leur cour.

La saison des amours battait son plein …

 

 

 

Texte et photographies : 14. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger 

Mercredi 13 Mai 2020

Toutes les conditions sont réunies pour que je retourne au bord du Lac: un temps froid et pluvieux, garantie de peu de fréquentations en temps normal.

C’est l’heure creuse, tous devraient être au travail en temps normal.

Parking, quasi désert, trajet obligatoire fléché pour sortir. 

Pas un chat ou presque.

Débouchant tout en haut de l’escalier roulant, je respire un air frais et revigorant avec délice.

Par contre, pas de Jet d’eau à l’horizon, un silence peu commun, les mouettes, ces gueulardes sont absentes. Il n’y a personne pour leur lancer du pain.

Genève, ma Genève est déserte, du jamais vu de mémoire de Danielle.

Dans tout ce gris , je cherche de la couleur, le jaune prédomine. Une mouette sans passagers passe devant moi, des travailleurs s’activent à déplacer des palettes de bois, un vélo et des nettoyeurs, employés de la Voirie. J’observe leur manège. Il pleut et ils balayent les quais et les désinfectent.

Genève, Ville Propre n’a jamais autant mérité son nom, faisant honneur à la réputation d’une Suisse «Propre en Ordre « que je voyais disparaître avec regrets.

Me penchant pour regarder la surface de l’eau, j’y vois des grappes de bulles qui dansent au gré du courant. 

Serait-ce des bulles de propretés ?

Texte et photographies : 13. 5. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Mardi 12 Mai 2020

Les vitrines, devantures d’une ville, espaces cadrés où des artistes étalagistes expriment tout leur génie créatif pour attirer le client et le faire pénétrer dans le magasin.

Ce sont ces enseignes lumineuses qui illuminent les rues principales de la Ville, les rendent animées et attrayantes. 

De tous temps, j’ai préféré me promener dans les rues lumineuse pour leur animation  et la magie du lèche-vitrine en toute tranquillité, comme les dimanches d’ailleurs.

J’ai pu y admirer de nombreux mannequins portant des tenues de rêve pour femmes aux mensurations idéales, telles que celles que l’on voyait dans les magasines, femmes de papier glacé devant répondre aux diktats de la Mode. Elles s’astreignaient à des régimes draconiens pour maintenir cette ligne parfaite qui faisait vendre et auxquelles les femmes s’identifiaient.

Ces mannequins s’affichaient avec  bijoux, sacs, foulards, parfums, produits de marque et de luxe incitant les femmes à acheter à des prix défiant toute concurrence.Celles qui accédaient à cet El Dorado ne se privaient pas de montrer au grand jour leur situation économique de privilégiées.

Cette identification aux mannequins célèbres a conduit à toutes les dérives que l’on connaît.

Ces adolescentes s’astreignant à des régimes alimentaire consistant à réduire la quantité de nourriture ingurgitée, les menant au  contrôle de leur image jamais satisfait que l’on nomme anorexie, maladies dont certaines sont mortes d’ailleurs.

Et que dire de toutes ces contrefaçons de montres, sacs foulards que l’on nous vend à la sauvette dans tous les lieux touristiques?

Lors des manifestations et revendications de rues, ce sont ces mêmes vitrines qui sont saccagées par des casseurs venus tout exprès, de tous horizons et tous bords , laissant derrière eux l’image d’une ville pillée et dévastée.

La mode s’expose, s’impose … certaines n’hésitant pas à sacrifier santé, argent, contraintes morales et physiques pour correspondre à l’image de papier glacé faisant croire à une beauté et jeunesse éternelle.

Actuellement, avec les revendications féministes d’égalité des sexes, on assiste à ce même phénomène chez les hommes .

Un avenir juteux pour tous ceux qui promeuvent la vente de produits en lignes par de belles images attirantes dont certains ont fait les frais et ne s’en remettent pas…

 

 

Texte et photographies : 12. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

 

  

Lundi 11 Mai 2020

Aujourd’hui 11 mai, jour de libération, de déconfinement, retour à la normale décrétée par la Confédération, en maintenant les mesures sanitaires: distance sociale et lavage des mains régulier.

Ce retour à la liberté soulage mes perspectives d’avenir.

Les personnes âgées, population à risques, celle la plus encline à contracter la maladie avec risques de complications mortelles a dû impérativement rester chez elle: pas de sorties  pour la protéger du coronavirus.

Privée de contacts sociaux et de marques d’affections, je m’étiolais.

Mes cheveux blancs, lorsque je me hasardais à sortir par nécessité, m’ont attiré quelques remarques:

  • Qu’est-ce que vous faites ici, vous ne devriez pas rester chez vous?
  • Les personnes âgées ne doivent-elles impérativement pas rester chez elles?

Il faut se rappeler que les + de 65 ans sont très nombreux. La population genevoise vieillit. On compte de plus en plus de retraités pour lesquels la population active travaille afin de payer leur retraite sans garantie qu’au moment d’arriver à l’âge de la dite retraite , ceux qui ont cotisé ne touchent un centime.

Ce sont aussi les vieux qui ont le plus recours aux médecins et médicaments faisant exploser le coût de la santé.

Ce sont ces mêmes vieux qui offrent des services bénévoles à bien des associations , dans les domaines de leurs compétences.

Ce sont encore eux qui assuraient la garde des petits-enfants pour aider et soulager leurs enfants ( économie financière non-négligeable ! )

Pour reprendre cette fonction auprès de leurs enfants, il va falloir attendre encore quelque peu.

Cependant, il n’est plus interdit de voir ses petits-enfants et de partager une activité avec eux à condition de ne pas dépasser le fameux nombre de 5 et la distance de 2m.

Ma vie me sourit à nouveau …

 

 

Texte et photographies : 11. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Dimanche 10 Mai 2020

Maman

La vie s’est acharnée à détruire ton rêve de Princes Charmants…

A quoi rêvais-tu dissimulée dans l’ombre de la noble demeure 

des  hauts de Cressier ?

Plus tard, ton père tant aimé te quittait. Ce père qui t’a toujours protégée de son vivant ,  parvint à te sauver la vie en soulevant, malgré son extrême faiblesse due à la maladie qui l’emportera, l’armoire sous laquelle tu te trouvais pour te libérer du piège dans lequel tu t’étais fourrée. 

Après cet épisode, il te laissait orpheline des rêves que tu t’étais construite…

Quelques années plus tard, ta maman, en épousant le grand propriétaire terrien de la région, te permettait d’accéder au statut de fille de riche tant convoité.

Lugano Photographe Franz Winiger

Mais la vie de rêve promise tourna vite au cauchemar .

Tu supportas alors difficilement la déchéance  infligée par la vie dispendieuse de ton beau-père, jusqu’à ce jour fatidique où toute la famille dut émigrer à Genève 

fuyant un destin de misère…

Là, courageusement, ta maman décida de faire tourner la marmite.

Elle reprit son travail de tailleuse, cultiva fruits et légumes dans un potager proche de la Seymaz, ajoutant un poulailler avec des poules productrices d’œufs qu’elle vendait un bon prix à ses voisins.

Malgré l’amour qu’elle portait à ce deuxième mariqui lui avait promis monts et merveilles, elle le laissa, impuissante, glisser inexorablement 

vers une déchéance qui entraîna sa mort…

Toi, fuyant cette situation inacceptable à tes yeux, tu partis t’occuper de gosses de la haute bourgeoisie, profitant des largesses de tes patrons…

Cette expérience avec des enfants réveilla en toi l’instinct maternel…

Tu décidas alors de venir t’installer à Genève.

C’est là que tu rencontras mon père, cet homme élégant et portant beau

qui mettait en valeur la jolie femme que tu étais…

Après une dizaine d’année d’un amour quasi sans nuages, ton rêve de maternité se réalisa, trop tard à tes yeux de maman consciente de ce que représentait l’engagement d’une mère…

Pour l’amour de cet homme que tu aimais tant, tu décidas néanmoins de conduire cette grossesse inespérée à son terme.

Le 28 avril 1948, une petite fille, comble du bonheur, vint au jour

vous permettant de faire des projets d’avenir à trois…

A nouveau, le sort s’acharna et brisa net ce rêve familial, te laissant amputée de celui qui devait assurer à tes côtés, l’avenir de cette fillette tant chérie…

C’est alors que tu perdis pied et tenta tant bien que mal d’affronter une vie dont les coups du destin t’avait achevée…

C’est grâce au travail et à ta grande capacité créatrice, qui n’avaient pas été altérés par les épreuves subies, que tu remontas progressivement la pente

sans jamais parvenir à retrouver un semblant d’équilibre qui te manquait pour parvenir à élever cette enfant avec confiance et sérénité…

Pour moi tout l’amour que tu me portais, je l’ai perçu dans ces moments complices qui nous réunissaient autour de ton travail et  lors de la création de toutes ces robes splendides et uniques qui sortaient de tes mains.

Tous ces défilés de belles dames dans leurs robes de princesse m’ont fait vivre dans un monde de conte de fée, reflet d’une époque de fastes révolue…

Pour moi maman, tu demeureras la plus grande des artistes 

qu’il m’ait été donné de connaître…

Bernex, le 23 juillet 2016 

Danielle  Foglia

Samedi 9 Mai 2020

La mise de l’ordre dans mes photographies ( création de fichiers ) et une photographie fait émerger des souvenirs.

Il s’appelait Cachou, c’est le premier chat qui a partagé ma vie de célibataire.

J’avais quitté le domicile familial pour m’installer dans un studio en ville afin de me rapprocher de  maman qui résidait derrière la gare de Cornavin et montrait des signes évidents de pertes de repères temporels et de mémoire.

Je voulais respecter son désir de finir sa vie chez elle, dans cet appartement qu’elle avait aménagé avec le plus grand soin et dans lequel elle se sentait bien.

Son plus grand plaisir était de partir en voiture, aller manger au restaurant dans un endroit au bord du Lac avec une belle vue. Je réservais mes dimanches à cette promenade. Nous avions nos restaurants préférés et sur la route du Vignoble nous en avons découvert d’autres. Je la revois si heureuse de revoir les vignes du Lavaux en toutes saisons. Il faut dire qu’elle s’y connaissait pour avoir travaillé dans celles du canton de Neuchâtel.

Un dimanche de septembre vers les 15h. ( j’évitais les bouchons du dimanche soir! ) en la raccompagnant chez elle, elle tourne la clé, ouvre la porte… une petite boule de poils noirs s’engouffre à l’intérieur et se met à miauler plaintivement. C’est un minuscule chaton qui se laisse prendre et se met à ronronner dans le creux de mes bras.

Je vais chez la voisine pour lui demander à qui appartient ce chaton.

Elle ne l’a jamais vu… Elle m’envoie au deuxième sonner à la porte d’une famille qui a emménagé depuis peu… Personne !

Me voilà bien, je ne peux pas laisser ce petit animal aux bons soins de maman qui a recours aux services de soins à domiciles ( infirmières, aide ménagère, repas ) toute une structure mise en place pour qu’elle soit suivie tout au long de la journée.

Retour chez la voisine, qui elle aussi veille sur maman et me téléphone lorsqu’elle le juge nécessaire.

  • Je le prendrais bien, mais ma vieille chatte est jalouse et je ne peux pas lui imposer un tout jeune chaton.

Nous décidons que je l’emmènerai chez moi, le temps qu’elle se renseigne et retrouve ses propriétaires.

C’est ainsi qu’un chaton tout noir entra dans ma vie. Il ne répondait à aucun nom, j’optai pour Lubie. Au début, je dus la rationner, car elle avait la fâcheuse tendance à engloutir la nourriture quitte à se faire sauter les panse . Me renseignant auprès du vétérinaire, il préférait que je la nourrisse plusieurs fois par jour en petites quantités. Il pensait que c’était un animal qui a connu la faim.

Les semaines passaient, toujours pas de téléphone . Je commençais à m’attacher à cette petite Lubie qui rythmait mes journées. Je quittais ma classe à midi pour lui tenir compagnie et rentrais dès que possible le soir après l’école. Je prenais du travail à la maison et préférais me lever tôt pour aller préparer ma classe avant l’arrivée des élèves ( habitude que j’ai gardée ).

Finalement n’y tenant plus, il fallait que j’en aie le coeur net, j’appelai madame Bapst.

  • Personne n’a réclamé de chaton noir. Je pense que le mieux pour lui c’est de rester chez toi … et de toute manière à partir de maintenant je ne sais pas ce qu’il est devenu … si jamais …

En raccrochant le combiné, je réalisai que j’étais responsable d’un chaton au comportement étrange. Il se montrait agressif et griffait méchamment si je le dérangeais, avait une peur bleue lorsque j’utilisais un balai, sans parler de la panique à chaque sortie d’aspirateur…

  • Bon, il avait passé le test des flûtes aiguës en se réfugiant sous le duvet pour protéger ses oreilles !

Téléphone au vétérinaire de Bernex, celui que je connaissais et en qui j’avais toute confiance.

Il fut convenu qu’il le verrait trois semaines plus tard pour lui éviter un stress supplémentaire.

Lubie fut mise en caisse de transport, non sans peine. Arrivée sur place, dès que le vétérinaire mit la main dans la caisse, elle se montra dans toute la force de sa rage et de son agressivité, le véritable chat électrique de Gaston Lagaffe.

D’une main ferme, le vétérinaire l’examina, regarda sa fiche, me demanda de raconter son histoire:

  • Madame ce n’est pas une femelle , c’est un mâle. Il faudra songer à le castrer avant qu’il ne fasse pipi partout pour marquer son territoire. Je pense que c’est un chat qui a été maltraité, il vous faudra beaucoup de patience pour qu’il reprenne confiance.

Cachou ( du nom de ces petits bonbons noirs que je suçais avec délice, même pendant les heures de classe, car si petits que je pouvais les glisser sous la langue ) partagea douze ans de mon existence.

Travaillant toute la journée , le soir je rentrais chez lui et devais négocier une petite place sur le seul fauteuil qui meublait mon studio. Il ne fallait pas déranger Monsieur, sinon il mordait sans ménagement.

Nous avons fini par trouver un Modus Vivendi..

Ce fut mon compagnon dans la période la plus difficile de ma vie. C’est lui qui venait sécher les larmes qui coulaient malgré moi lorsque je rentrais à la maison,

Il m’a quitté un matin d’automne, laissant un grand vide et un chagrin immense, ce qui me fit jurer que plus aucun chat ne partagerait ma vie …

 

 

Texte et photographie : 9. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Vendredi 8 Mai 2020

Le coronavirus a du jour au lendemain bousculé nos vies :

  • plus de sorties, restez chez vous,
  • Interdit de se toucher
  • Respectez la distance sociale de 2m.

Nous sommes en manque de marques d’affection, telles que de se serrer la main, se faire la bise,  se serrer dans les bras, s’embrasser…

Or hier, j’ai lu qu’on a trouvé des traces du virus dans le sperme de certains malades testés positifs.

Donc, plus de relations sexuelles, la maladie pouvant être sexuellement transmissible.

Jusqu’à présent tous les médecins s’accordaient pour affirmer que c’était par voie aérienne qu’il se transmettait, par la toux ou les éternuements.

Plus de procréation possible, cela provoquera à plus ou moins long terme l’extinction de l’Humanité.

La Nature, le règne végétal et le règne animal pourront alors reprendre possession de la Planète Bleue. Ils ne craindront plus le grand destructeur et responsable de tous les maux …

 

 

Texte et photographie : 8. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Jeudi 7 Mai 2020

Lundi, c’est le grand jour, l’économie reprend, il l’était grand temps…

Les écoles rouvrent leurs portes. Les enseignants doivent aménager leurs classes, c’est à eux de se procurer masques, solutions hydroalcooliques pour les mains, pour désinfecter , tables, chaises, bureaux, poignées de portes …

Une vie à la normale se dessine à nouveau. Tous s’y préparent… sans oublier que le coronavirus est toujours là , menaçant, que c’est un tueur qui s’attaque aux poumons, les statistiques montrent que ce sont les personnes âgées qui figurent dans le plus grand lot des personnes décédées du Covid-19. 

C’est donc toujours de notre responsabilité de prendre les mesures  pour se protéger et protéger autrui. Le port du masque est préconisé dans les lieux où la distance de sécurité ne peut être respectée. Tous les spécialistes ne s’accordent pas sur la nécessité d’en porter un.

Lequel choisir? Chirurgical, en tissu lavable? Dans quelles circonstances ? Qu’en faire une fois utilisé, le jeter simplement par-terre au risque de contaminer celui qui voudra le mettre à la poubelle dans un geste citoyen?

Si l’on opte pour le port du masque, encore faut-il le mettre correctement, même si au début de la vapeur s’immisce sous les lunettes.

Certainement de nouvelles habitudes à prendre pour sortir du semi-confinement en toute sécurité.

Sortir masqué relève du choix individuel, de l’appréciation personnelle des risques encourus pour soi et les autres.

Mon seul espoir est que tous ceux détecté positif au Covid-19 continueront à être confinés  chez eux et porteront impérativement des masques s’ils doivent sortir pour aller faire des achats de première nécessité.

Pour ma part, j’ai choisi d’en porter un pour sortir faire mes courses, me rendre dans des lieux fermés où la distance sociale ne peut-être garantie.

Je vais m’exercer à le placer correctement et m’astreindre une fois posé à ne plus le toucher sans avoir désinfecté mes mains préalablement.

Un nouvel accessoire, de nouvelles habitudes, un nouveau look…

Vivons masquée …

Texte et photographies : 7. 5. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Mercredi 6 Mai 2020

La transparence est révélée par la lumière, qui crée tout un jeu d’ombres et de reliefs pour donner du volume et de la vie.

La transparence est par essence lumineuse, à l’opposé de l’ombre qui rend les surfaces uniformes et ne permet pas de cerner la vérité et la profondeur d’un paysage, d’un discours, d’une personne dans leur vérité lumineuse.

 

Texte et photographie : 6. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Mardi 5 Mai 2020

Tout près de chez moi, il y a un garage.

Sortant d’un bureau et traversant la rue pour se rendre à l’atelier, le garagiste s’arrête pour discuter. Je m’intéresse à la façon dont il a vécu cette période de crise, période de semi-confinement.

– Au début, nous n’avons eu que trois jours de fermeture complète. Après nous avons toujours travaillé. L’atelier était ouvert toute la semaine, nous avons eu du travail quotidiennement.

Et depuis lundi, nous travaillons normalement.

Par contre je puis vous dire la vente a chuté. Pas une voiture de vendue. Avec les mesures sanitaires, impossible de faire essayer une voiture. Et pourtant, nous pourrions nous adapter  aux mesures édictées pour la reprise . Lavage et désinfection des véhicules ainsi que port du masque à bord ne posent aucun problème

Je me demande bien quand cela va reprendre, c’est carrément problématique.

Avec la chute vertigineuse du prix du baril de pétrole de schiste , certains prétendent que c’est la fin de la voiture à essence au profit de nouveaux carburants comme l’hydrogène, d’autres affirment que l’essence à encore de beaux jours à vivre…

Wait ant see … l’avenir nous le dira…

Texte et photographies : 5. 5. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Lundi 4 mai 2020

Je les rencontre souvent, s’appuyant l’un sur l’autre, duo ne faisant qu’un : lui aveugle, elle ses yeux et sa conductrice.

Ils ne se parlent pas, marchent à petits pas, ayant trouvé  leur rythme, comme un souffle commun.

Ils étaient assis sur un banc au soleil. Je m’arrête, cela fait si longtemps que l’on se connaît, nos enfants ont fréquenté la même école:

  • Ça va ?

Elle me répond de savoir grave et profonde :

  • Oui… nous profitons de la chaleur du soleil avant de rentrer avec nos courses.

Lui , dans son attitude digne et droite , écoute.

A toutes les Assemblées Générales de notre copropriété, il est toujours bien présent et de son ton professoral donne son avis, des informations et ses connaissances sur les sujets traités  qui animent notre débat et au final nous permettent de prendre une décision qui puisse satisfaire notre communauté.

Texte et photographies : 4. 5. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Dimanche 3 mai 2020

Océan ondoyant

au souffle du vent,

Eclats de lumières

reflets éphémères, 

au rythme des épis

aux barbes entrelacées

superposées,

entrecroisées,

 

Le seigle danse…

 

Texte et photos 

3. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Samedi 2 mai 2020

Vous êtes surveillés un oeil vous regarde…

des caméras partout :

  • dans les parkings dans la rue , les banques, les magasins, aux carrefours avec leurs radars, 

On dit même qu’on en équipera toutes les rues de notre Ville , si ce n’est pas déjà fait…

Vous serez pisté grâce à votre smartphone: 

– géolocalisation  pour vous suivre en toute occasion.

On dit même qu’un système  de traçage du coronavirus va être mis en place grâce à cet appareil qui est mon meilleur compagnon, il sait tout faire ou presque …

Avant tout, il  me permet de maintenir le lien avec tous mes ami(e)s..

 

Dommage qu’il ne sache pas faire le ménage et la cuisine …

 

Texte et photographie : 2. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Vendredi 1er Mai 2020

J’ai décidé de changer d’air et me voilà sous une pluie qui tend à s’intensifier, j’hésite, vais-je rentrer.

Je remarque que je ne suis pas la seule. Un petit chien s’est arrêté net sous mon arbre. On sent bien qu’il est hésitant à poursuivre , bien que sa maîtresse s’éloigne non sans se retourner pour l’appeler…

Il me regarde l’air de dire «  Tu ne trouves pas, ce n’est pas un temps à mettre un chien dehors ! « 

Pour finir sa jeune maîtresse, encapuchonnée de noir, rebrousse chemin en lui parlant.
Il la rejoint prudemment en évitant au maximum de se mouiller les pattes. 

Et moi ,  je retourne me remettre au sec…

Texte et photos : 1. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Jeudi 30 avril 2020

Dans les jardins de Mon Père,

Les Lilas sont fleuris…

Tous les oiseaux du Monde,

Viennent y faire leur nid …

( Chanson Traditionnelle : « Auprès de ma Blonde » )

Mercredi 29 avril 2020

J’ai retrouvé mon Lac avec plaisir, à nouveau il m’offre une lumière et des couleurs changeantes que je ne lui connaissais pas. 

Je suis à l’endroit même où enfant je me retrouvais certains jeudis après-midi d’été.

Je passais tous mes jeudis après-midis dans une famille de pasteur, dans la cure de l’église.

J’adorais y aller. Je jouais avec les plus jeunes enfants qui étaient de mon âge et leurs copains de quartier. Nous y jouions à la Bûche , au Petit-Poisson-Rouge à Colin-Maillard  ( moi qui ne voulais pas qu’on me cache les yeux par peur de me perdre dans la nature comme je l’avais déjà vu, on m’a promis de me guider par la voix adoptant tout une stratégie de langage non verbal afin d’éviter que je ne me dirige directement vers celui qui a parlé ! ) mais pas de  Gendarmes et Voleurs, car dans la vie les gendarmes ne passent pas leur temps à poursuivre les voleurs pour les mettre en prison.

Aux jours ensoleillés, il arrivait que Madame annonce que nous irions à la Maison d’été, pour y recevoir quelques amie et membres de la famille. A cette occasion je pouvais mettre ma jolie robe, celle du dimanche.

Madame était simplement vêtue , toujours si élégante dans la robe d’été que maman lui avait confectionnée. A chaque fois qu’on la complimentait sur sa tenue, elle ne manquait pas de mentionner le nom de sa couturière et tous les regards se tournaient vers moi, ce qui me mettait mal à l’aise.

  • Pourquoi, elles me regardent toutes ?
  • Ne t’en fais pas c’est maman qui parle de sa couturière et te présente.
  • Et alors? 
  • Que des éloges …

Et c’était vrai. 

 

Aller à la Maison d’été, ce qui était rare et exceptionnel, c’était pénétrer dans un autre monde.

D’abord la Maison était un Château à mes yeux de petite fille, majestueuse dans sa construction de briques rouges et sa tourelle. Une fois entrés, Madame réunissait tous ses enfants, ses deux filles, ses deux fils et moi. Là, elle répétait ses consignes , d’abord pour la préparation et la mise en place de la terrasse en fonction du nombre de personnes attendues, puis pour le service: pas plus que deux dans la cuisine, veiller à ce qu’il y ait toujours des biscuits dans les corbeilles et faire le service des boissons.

Souvent son mari, Pasteur, venait aider et s’éclipsait poliment à l’arrivée des premières invitées.

C’est avec lui que je découvris la terrasse. Il me conduisit là où la vue était la plus dégagée, me détaillant le lac et ses environs. Il me recommanda de ne pas marcher sur les clématites, anémones, pervenches et violettes. Je pouvais faire un bouquet de pâquerettes, associées à quelque hautes herbes, pissenlits ou boutons d’or.  On m’apprit à faire de jolis bouquets à disposer sur la table. Avant que maman ne vienne me chercher, on me suggérait de cueillir quelques fleurs à rassembler dans un bouquet que je pouvais lui offrir.

Lorsque Maman était sur place, Madame souhaitait la présenter à ses amies. 

Maman a toujours refusé.

  • Tu comprends, il faut savoir tenir son rang…

Je ne comprenais pas bien, alors que je venais de vivre un des après-midis des plus agréables auprès de toutes ces dames. Lorsque l’on ne servait pas, il fallait veiller à ne laisser aucune personne seule, aller discrètement vers elle pour entamer une conversation. 

  • Qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire, j’ai rien à raconter qui puisse intéresser des grandes personnes?
  • Tu aimes raconter des histoires, des histoires de ta vie de tous les jours leur fera le plus grand plaisirs et tu verras tout se passera bien. 

Effectivement tout se passait comme dans un conte de fées, même si parfois je manquais à mes devoirs d’hôtesse, quelqu’un se plaçait gentiment à côté de moi en s’excusant et m’informait que j’étais attendue à la cuisine. Je m’exécutais non sans avoir pris congé poliment. Vu ma taille, la plus petite, mes tâches étaient toujours à ma portée, les corbeilles de biscuits au début, ensuite les boissons ( jamais de pots trop remplis ), puis lorsque je devins plus habile, les théières.

Il y avait toujours du sirop volonté pour nous à la cuisine. 

J’appris aussi à ne pas taper dans les plats avant de servir, ce qui était très tentant… mais  un choix de douceurs nous était réservé, une assiette remplie de pâtisserie et petits fours au goût si délicat et savoureux que nous pouvions nous distribuer. Pas question de jouer les égoïstes et de se servir avant tout le monde, Il y avait tout un choix de pâtisseries, jamais une par enfant, alors c’était chacun son tour et s’il n’en restait plus qu’une , il fallait demander si l’on ne privait personne. Si c’était le cas, on trouvait une solution. Il m’est même arrivé qu’on m’offre son gâteau auquel on n’avait pas touché.

Et l’on n’était jamais obligé de finir l’assiette… 

Je pouvais retourner tout naturellement à mes occupations dans ce monde où les adultes avaient tant de choses passionnantes à raconter et s’intéressaient à mes histoires de petites fille.

 

 

Texte et photographies : 29. 4. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Mardi 28 avril 2020

Ils sont là, mettant leur touche rouge sur les bords des chemins. D’abord un…puis de nombreux points rouges les ont rejoint me faisant penser aux peintures de Monet.

Oui, les coquelicots sont là avec leur corolle fragile.

C’est une fleur de la famille des pavots.

Lorsque l’on prononce ce mot, on est immanquablement renvoyé aux champs de culture pour la production d’opium.

C’est par une incision du pavot blanc et plus largement de tous les pavots que l’on obtient une gomme blanche: l’opium. Cette gomme est transformée en morphine pour un usage médical comme puissant analgésique. Cette même morphine est alors transformée en héroïne, drogue que l’on peut s’injecter en intra-veineuse.

Les fumeurs d’opium sont très présents dans les milieux artistiques. On sait que les fumeries de Paris ont vu défiler Musset, Baudelaire, Gautier, Delacroix, Daumier, Boissard, Modigliani, Toulouse-Lautrec et Picasso.

Dans la peinture, on assiste à une fascination pour cette drogue qui fournit le prétexte à suggérer des expériences sensorielles du fumeur. L’opium est aussi médication de spleen.

Au début du XXIe siècle, avec l’apparition de la morale puritaine, les médecins découvrent sa toxicité pour le corps et l’esprit. Opium,  morphine et héroïne sont prohibés, bien que la morphine et l’héroïne soient de précieux antalgiques utilisés en médecine comme anxiolytique,

antidépresseurs ou neuroleptiques. Talmeyr met en garde après avoir découvert l’action nocive de ces produits sur la mémoire.

Les graines de pavot noir servent à la fabrication de l’huile d’oeillette utilisée en peinture.

Les graines de pavot oléagineuses sont incorporées dans des préparations pâtissières. 

On utilise les pétales en infusion. On consomme cette boisson pour son effet sédatif, elle adoucit les voies digestives et respiratoires.

Bien des utilisations pour une même plante: pour se droguer, en médecine comme puissant sédatif et consommer en pâtisserie .

Des effets différents en fonction de leur utilisation et du milieu dans lequel on se trouve.

Le coquelicot du bord du chemin n’a qu’une valeur décorative et c’est bien comme ça…

Texte et photographies : 28. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Dimanche 26 avril 2020

Pétards, bruits de fêtes, feux d’artifices, c’est ce que nous espérons pouvoir vivre à nouveau: les grands rassemblements où s’exprime la liesse de toute population.
Au bord du chemin, j’ai trouvé des pétards, péterolles, péteux au Québec, appelés aussi claquet et pétarel dans tout le Sud de la France.

Vous souvenez-vous par hasard d’avoir cueilli ces fleurs blanches, d’en avoir soigneusement fermé le sac en pinçant la corolle pour emprisonner l’air, d’un geste sec l’avoir fait éclater sur le dos de votre main provoquant un bruit de pétard sonore?

Cette fleur, je l’ai rencontrée hier sur le bord du chemin, aux abords d’un terrain en friches.

Les feuilles que je prenais  pour de la mauvaise herbe, feuilles larges et réparties en touffes, sorte de plante grasse qui m’était inconnue, ont fait apparaître de magnifiques fleurs blanches.

J’ai de suite reconnu mes pétards.

En réalité, elle s’appelle Silène enflé, du nom de Silène qui dans la mythologie grecque est un satyre, père adoptif et précepteur du Dieu Dionysos, dieu du vin de la semence, de la fertilité, de la vigne, de l’allégresse… de la Fête que l’on attend et que l’on sait si bien célébrer dans notre Romandie, terre de vignobles.

C’est une plante herbacée présente sur des terrains à forte teneur en métaux lourds.

Je pense ne l’avoir jamais vue en début de floraison. Il me semble que lorsque je la cueillais ses pétales étaient moins blanc et sa corolle flétrie. En fait elle déploie cette dernière la nuit et dégage un parfum de jacinthe qui attire les papillons vecteurs de pollen  assurant sa pollinisation. La journée elle prend un aspect flétri.Sa floraison dure d’avril à octobre.

Est-ce parce que je suis allée me promener tôt que je l’ai vue corolle toute déployée et pu photographier un papillon dans son secteur?

A nouveau la promenade en campagne me permet de voir pousser le seigle , fleurir les herbes au bord du chemin.

Je continue à herboriser et suis reconnaissante d’avoir gardé cette curiosité, cette capacité de recherche  donnée et entretenue dans mon enfance par mon milieu familial , puis développée lors de mes études en section scientifique par des professeurs passionnée de recherches, principalement en physique.

Plus tard, en intégrant une équipe provenant de domaines différents au sein de la Faculté des Sciences de l’Education qui réunissait des logopédistes, psychologues et pédagogues, j’ai pu développer l’un des aspect cher à Piaget, celui de chercheur.

En creusant un sujet, nous devenions de plus en plus modestes face à ce que nous connaissions vraiment. Nous demeurions prudents dans nos conclusions écrites, sachant que tout résultat devait être reproductible en utilisant la même méthodologie et confirmés, même si nous ne travaillions pas en sciences exactes, telles que les mathématiques où l’on cherche un résultat estampé CQFD.

A la fin de tout rapport nous étions amenés à émettre des hypothèses et suggérer des pistes de dispositifs de recherche pour approfondir l’un des aspects mis en évidence.

Plus on cernait le sujet, plus on se rendait compte de l’étendue du champs d’investigation, comme si nous allions vers l’infiniment petit et que l’infiniment grand se révélait.

 

Texte et photographies : 26. 4. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Samedi 25 avril 2020

Cela fait plus d’un mois que j’ai dû changer mes habitudes.

Le Lac , sa rade me manquent…
Je découvre la campagne de mon village, derrière chez moi .

J’y fais des rencontres, principalement des promeneurs ou promeneuses de chien, des marcheurs aux écouteurs dans les oreilles, des cyclistes , des cavalières, et des promeneurs tout simplement.

Parfois, en m’écartant pour laisser la distance de sécurité , on esquisse un pâle sourire. Il m’est même arrivé qu’on me frôle, ayant eu juste le temps de tourner le dos :

  • Vous avez comme ça peur ! « 

Près de chez moi les personnes masquées augmentent et les courses se font moins fréquemment, il semble qu’une personne par famille s’en charge et revienne chargée comme un mulet…

C’est si agréable de rompre sa solitude pour faire des rencontres humaines … 

Texte et photos . 25. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Vendredi 24 avril 2020

Sur mon chemin, un sourire, un comment ça va et la conversation est engagée.

Nous réalisons qu’elle a dix ans de plus que moi.

Elle aime à se promener tôt, cela l’apaise , elle a perdu son mari il y a trois mois… il lui semble qu’elle peut mieux communiquer avec lui dans la Nature.

  • Pour vous le confinement n’est pas trop difficile ?
  • Oh… non … pendant la dernière guerre j’ai vécu cachée pendant neuf mois avec mes parents dans un grenier.

Originaire du Sud de la France, elle me raconte que son père, pour éviter d’être enrôlé dans l’armée, a payé un passeur qui devait faire passer toute sa famille en Suisse.

Chemin faisant, il se rend compte qu’ils approchent de Mulhouse. Ce n’est pas en Suisse qu’on le conduit mais bel et bien en Allemagne. Il fausse compagnie au passeur et se rend avec sa famille chez un ami qu’il connaît en Alsace. Celui-ci, restaurateur, accepte de le loger dans l’une des pièces des combles.

Elle évoque la peur d’être dénoncés, la nécessité d^être silencieux et de se déplacer en veillant à faire le moins de bruit possible, des soldats allemands vivant au-dessous, la faim obligeant son papa à voler pain et fruits.

  • Vous comprenez, on n’avait plus rien, on avait donné toutes nos économies au passeur…

Nous nous quittons en formant le voeu que cette période de crise sanitaire et économique fasse perdurer les belles valeurs révélées: entraides, respect de l’autre, attention à ceux qui nous entourent et nous sont particulièrement chers.

Toutes deux, nous sommes reconnaissantes à nos enfants d’effectuer nos courses et de permettre le maintien du contact avec nos petits-enfants.

Encore une belle rencontre lors de ma promenade.

Texte et photographie : 24. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Jeudi 23 avril 2020

Une soirée d’évasion sur les grands horizons blancs.

Partir avec Nicolas Vanier et ses chiens de traineaux pour son ultime course avant la retraite.

Traverser les paysages enneigés et les plateaux d’une blancheur immaculée du Grand Nord.

Rencontrer des enfants Inuits accueillants, curieux et joueurs.

Assister aux soins attentifs et constants des 15 chiens qui se laissent soigner en toute confiance.

Partager, embarquée avec lui, ses espoirs, doutes, souffrances physiques dans cette course où hommes et chiens repoussent leurs limites physiques dans le froid, la nuit , la neige et sur la glace.

Réaliser qu’un chat est venu se lover et ronronner sur mes genoux, réclamant des caresses… le caresser doucement…heureuse , dans cette période de confinement solitaire où toute marque d’affection tactile est interdite par mesure de précaution, de pouvoir caresser Tigerli dans une relation proche et me rendre compte que cela lui fait plaisir…

C’est avec regret que j’assiste aux retrouvailles émues de Nicolas Vanier avec ses proches, tous ceux qui l’ont aidé  à préparer et suivis dans  cette course qui aura duré 9 jours. 

Il va se séparer de ses chiens et prendre une retraite, à 55 ans, pleine de projets pour rendre à la planète ce qu’elle lui a offert et révélé pendant toutes ces années d’exploration du grand Nord.
La course est finie, j’aurais souhaité que ce voyage dure indéfiniment, ce parcours au rythme lent d’un traineau  dans des paysages incroyablement apaisants, si vastes et beaux.

J’éteins ma TV, le chat grogne d’être dérangé.

«  Vivre ses rêves plutôt que rêver sa vie »

«  Transmettre sa passion « 

«  Oser le dépassement de soi «

( Nicolas Vanier )

C’était sur TSR 1 : Iditarod la dernière course de Nicolas Vanier 

Textes et photographies : 23 . 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger 

Mercredi 22 avril 2020

Regard différent porté sur mon environnement de confinement. Les meubles, les tableaux ont tous une histoire.

Le secrétaire qui a pris place au salon n’a aucune valeur marchande. Par contre il témoigne de mon histoire familiale.

Depuis toujours, je l’ai vu chez grand-Maman.

Avec d’autres meubles ramenés de Neuchâtel, il était installé la chambre du milieu, pièce d’essayage, la plus belle de l’appartement, celle que l’on astiquait avec un soin tout particulier.

Lors du déménagement dans un appartement plus  petit à Jean- Jacques Rigaud, le secrétaire était toujours là., dans la pièce qui recevait le client.  La propriétaire,  Madame Boecks, avait résilié le bail, car elle avait promis l’appartement à des amis qui lui proposaient un loyer nettement plus élevé. On avait dû se séparer à contre-coeur de la grande armoire, trop massive pour prendre place dans un trois pièce plus petit.

Ce meuble avait une histoire, intimement liée au second mari de Grand- Maman, proriétaire terrien de Cressier. Elle était venue s’installer dans sa demeure avec ses trois enfants … vie de rêve… de châtelaine bien qu’il y eut beaucoup de travail pour assurer l’entretien d’une telle maison.

Seulement voilà! Deux années consécutives de mauvaises récoltes, suivies par la grêle  qui a lacéré les vignes, firent que l’argent vint à manquer.

Le Beau, comme aimait à l’appeler Maman parce qu’il portait beau , dut se résoudre à vendre terrains et maison. Pour éviter l’humiliation d’une condition plus modeste, il déménagea à Chêne- Bougeries avec sa femme et ses deux belles-filles, toutes deux adultes et gagnant leur vie.: grand-Maman et marraine comme tailleuses pour homme et maman comme couturière.

Au décès de marraine mon oncle exigea que je sois présente pour l’inventaire et la répartition des biens. Je m’en défendis, pas intéressées  du tout par les biens matériaux, gardant ceux ou celles  qui étaient partis au plus profond de ma mémoire les faisant revenir quand la vie devenait trop compliquée ou difficile. Ils s’invitaient même parfois dans mon sommeil.

Bref, je me rendis à contre-coeur à l’heure dite dans l’appartement où tout était encore comme je l’avais connu, ce qui me rassura.

Sur place, maman attaqua d’emblée sur le fait qu’elle avait peu de place, qu’elle était meublée et ne souhaitait pas se séparer des meubles qu’elle avait choisis avec son mari.

Frère et soeur tombèrent d’accord : les meubles de Neuchâtel resteraient dans la famille.

Elle choisit la travailleuse quelle utilisa comme table de nuit.

Puis à mon grand étonnement, mon oncle se tourna vers moi :

  • Tu peux choisir ce que tu veux … c’était ta Grand-Maman… j’emmènerai le reste. 
  • Ce que je désire… vraiment… même le secrétaire ?
  • Oui, bien sûr, il est à toi … Arranges-toi pour venir le chercher avant la fin de la semaine.

C’est ainsi qu’il fit son entrée dans l’appartement familial et qu’on le mit au salon. 

Il fut vite rempli mais peu utilisé.

Au moment de ma rupture avec mon mari,  le seul meuble que j’emmenai dans mon deux pièces en Ville fut le secrétaire. Il fut utilisé.

Ce fut mon bureau, j’y travaillais et tous mes documents y étaient classés. 

Actuellement, il a repris sa place au salon lorsque j’ai réemménagé  dans l’appartement qui m’appartenait.

Au moment du choix de l’ameublement et de la décoration, il me fallait prévoir que les deux meubles de familles, la travailleuse et le secrétaire, trouvent leur place dans un environnement qui les mettent en valeur de manière  naturelle.

Recherches intenses, consultations de revues d’ameublement et de décorations d’intérieur, visites d’expositions de meubles, prises de mesures , dessins de plans, pour obtenir le lieu de vie où je comptais m’installer, accueillir mes petits-enfants, ma famille et mes amis.

Texte et photographies : 22. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger   

Mardi 21 avril 2020

A l’heure du déconfinement, des questions se posent et des éclaircissements s’imposent.

Nous avons compris que la situation était à prendre au sérieux , que c’était contre la mort que tout le personnel médical ( médecins, infirmiers, infirmières, nettoyeurs, chercheurs ) se devait  de lutter efficacement, chaque gouvernement ayant mis en place des dispositifs rapidement pour lutter efficacement contre cette épidémie fulgurante.

Maintenant on constate que la fameuse courbe, dont on a suivi l’évolution, en est arrivée à cette phase plateau  qui semble se stabiliser, qu’elle a même tendance à décroitre .

Parallèlement, tous les travailleurs indépendants se sont vus du jour au lendemain sans travail devant appliquer la consigne de rester à la maison et faire face à un manque à gagner aussi soudain qu’imprévu. Ces mêmes indépendants sont menacés de faillite et ne tiendront pas sur la durée. Notre système économique s’effondre, il est grand temps de se remettre au travail entend-on de toutes parts. Alors le Conseil Fédéral a mis en place un plan de reprise en 3 temps. Tout d’abord le 27 avril, le 11mai et en juin.

Les travailleurs se préparent à reprendre le travail, les élèves du primaire  vont retourner en classe, véritable casse-tête pour les enseignants qui , mètre en main,  essaient d’aménager leur classe en tenant compte de la distance de 2m. Vous y croyez vous que les élèves les plus jeunes vont pouvoir maintenir la fameuse distance de sécurité, et les enseignants comment vont-ils se prémunir contre la maladie sans solution alcoolisée ni masques? L’Etat a-t-il prévu pensé de leur  en fournir et la désinfection des classes est-elle prévue ? Etonnamment on n’en entend pas parler et pourtant la date butoir du 11 mai approche.

Dans les familles, double tâche pour les parents, celle de préparer leur reprise du travail, de gérer la prise en charge de leurs enfants dans un flou total. On parle d’un reprise en demi-classe, que fait-on des enfants qui seront à la maison et lorsque l’on a deux garçons, l’un en primaire avec reprise en mai et l’autre dans le secondaire inférieur pour lequel on envisage une reprise en juin?

Mission quasi impossible, stress grandissant face à une perspective remplie d’incertitudes…

Dans la plupart des familles, les grands-parents assuraient la garde des petits-enfants pendant que les parents travaillaient, car pour pouvoir vivre décemment l’entrée d’argent du couple est nécessaire , voire indispensable. Comment va pouvoir s’arranger le parent qui assure seul la garde des enfants, même si celle-ci est partagée ?

Les aînés ( les plus de 65 ans, population à risque) voient la durée de leur confinement prolongée indéfiniment : là aussi l’incompréhension est complète. Ils ne sont pas loin de penser que seul le vaccin leur permettra de sortir de leur isolement, et sur ce point les délais d’attente sont hyper longs, on annonce prudemment la fin de l’année 2020.

Ces mêmes grands- parents entendent que les petit-enfants peuvent retourner à l’école parce que les observations médicales ont révélé que cette frange de la population ne développait pas la maladie , si ce n’est sous sa forme atténuée et que par ailleurs ils ne sont plus vecteurs sains, comme affirmé jusqu’à ces derniers jours. Alors pourquoi face à un tel constat maintenir les vieux confinés alors que l’on craint des effets sur leur santé mentale dus à l’inaction et l’inaction…

Si les adultes ne parviennent pas à comprendre les principes de précautions et les mesures prises pour la relance économique, les enfants sont tout autant perdu :

  • Grand-Maman, je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas venir chez toi. Je saurai garder mes distance , éviter de te toucher, me laver les mains et porter un masque…

Encore faut-il que la population puisse s’en procurer à des prix corrects !!!

 

Texte et photographie : 21. 4. 2020 

Lundi 20 avril 2020

L’autre jour me promenant, je n’en croyais pas mes yeux en constatant qu’un marronnier  était déjà en fleurs..

Toutes ces fleurs en grappes sont la promesse des marrons de l’automne.

Ceux que je ramassais dans le Parc des Cropettes. On les récoltait pour nourrir les cochons. Ils   devaient être jetés dans de grands sacs de jute que l’on pesait une fois par semaine dans le préau de l’école devant tous les élèves réunis et quelques parents.. Puis un beau jour un camion venait emmener tous les sacs..

Il y avait aussi tous les petits animaux et personnages fabriqués à l’aide d’un poinçon pour percer la carapace dure et lisse des marrons. On y plantait des allumettes pour faire les pattes, bras et cous.

Ils étaient aussi utilisés pour apprendre à compter.

Dans ma classe, les petits adoraient apporter ceux qu’ils trouvaient en chemin. Ils espéraient au cours des jours atteindre  100… 150… 200 …  marrons et cherchaient à chaque fois combien il en manquait. Ils s’encourageaient  mutuellement à poursuivre la récolte !!! 

On les utilisait pour faire des familles, des classements par grandeur et lorsqu’on introduisait les glands les classements devenaient de plus en plus intéressants.

Il y avait aussi celui que l’on se gardait au fond de la poche: le plus rond, le plus lisse, le plus gros, le plus agréable au toucher…

Lorsque je me suis cassée le poignet, j’ai appris à fermer la main sur un marron puis à en faire rouler deux , puis trois dans le creux de ma main : exercices de rééducation.

Les fleurs d’aujourd’hui sont-elles promesse de marrons en été ?

Texte et photographies : 20. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Dimanche 19 avril 2020

En me promenant sur les chemins de campagne, j’ai rencontré une femme, casquette et cheveux blancs qui marche lentement, au rythme de son chien qui boîte.

Elle m’explique qu’il se fait vieux, que le vétérinaire l’a opéré. , elle va tous les jour le promener pour éviter que ses articulations ne s’ankylosent. Lorsqu’elle remarque qu’il commence à fatiguer, elle le porte.

  • Vous comprenez, je vis seule…. C’est mon compagnon, nous avons partagés tant de joies et de peines… je l’aime tant …

Espérons qu’il vive encore quelques belles années !!!

Texte et photographies : 19. 4. 2020

Samedi 18 avril 2020

J’entends du bruit sur le toit en réparation. 

  • Tiens que se passe-t-il ?

En levant les yeux je découvre un homme tout à son travail. Il est seul. Le soleil tape, il enlève son T-shirt, me voit et me fait un grand signe amical avant de se remettre au travail.

Songeuse, je poursuis mon chemin:

  • Le Conseil Fédéral n’a pas encore donné son feu vert pour la reprise du travail des entreprises…

Il est indéniable que l’on assiste à un effondrement économique. L’arrêt instantané de toute activité dans ce secteur , obligeant les ouvriers à rester chez eux, mettent les petites entreprises à rude épreuve. Les patrons annoncent que si cela devait durer trop longtemps, ils se verraient dans l’obligation de mettre la clé sous le paillasson.

À côté de chez moi, l’appartement venait de trouver acquéreur . Les travaux avait commencé bon train pour accueillir les nouveaux propriétaires. Actuellement, ils sont bien ennuyés ne savent pas quand ils pourront emménager.  Ils ont fait appel à des entreprises françaises. Depuis la fermeture des frontières françaises décidée par Macron, plus aucun ouvrier ne vient en Suisse.

Les temps sont durs du point de vue de la santé avec la menace de cette épidémie dont on suit l’évolution jour après jour pour prendre les décisions qui s’imposent en tenant compte de notre système économique qui est en train de s’effondrer.

Vers 13h, profitant du soleil sur mon balcon je vois arriver mon voisin tout sourire. On discute à distance, j’apprends qu’il travaille dans le bâtiment, les distances et mesures d’hygiène sont respectées, deux équipes ont été constituées. Il travaille le matin  ce qui explique qu’il rentre chez lui à cette heure-ci . Il se réjouit de pouvoir profiter de son après-midi…

Texte et photographies :18. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Vendredi 17 avril 2020

Coccinelle, demoiselle

Bête à Bon Dieu…

Coccinelle, demoiselle

Vole jusqu’aux Cieux…

C’est un insecte que j’adore si bien qu’un jour je décidai d’en faire l’élevage en cachette de maman qui était très à cheval sur l’hygiène et traquait le moindre insecte. 

Ne sachant reconnaitre les mâles des femelles , j’en enfermai suffisamment avec l’herbe sur laquelle elle se trouvaient, dans un bocal a confiture recouvert d’un tissu tenu par un élastique et fis des trous suffisamment grands pour qu’elles puissent respirer. Je prenais soin de changer l’herbe, surprise toutefois de la trouver flétrie mais intacte, je pensais que l’enfermement leur avait coupé l’appétit.

Un jour maman sortant le pull qu’elle m’avait tricoté y découvrit de nombreux trous. Elle mit de l’antimite et le raccommoda.

La situation empira lorsque tous mes habits présentèrent à leur tour des trous… C’était bien la première fois que  les mites survivaient aux produits censés les tuer. 

Grand- Maman s’offrit à raccommoder mes vêtements. En examinant les trous elle affirma avec certitude qu’il ne s’agissait  pas de mites mais d’une autre bestiole.

Maman inspecta l’armoire, découvrit le bocal de pernettes et m’enjoignit d’aller le vider de son contenu dans le Parc des Cropettes..

Poursuivant ses recherches, elle découvrit des bêtes inconnues au bataillon. Elle m’ordonna de m’enfermer dans la cuisine..

L’armoire fut vidée, les habits inspectés un à un et lavés sur le champs, chaque boîte ouverte et le Flytox entra en action !

Le mystère demeura longtemps, car personne ne connaissait les insectes décrits par maman, jusqu’au jour où  je racontai ma mésaventure de l’armoire à mes cousins. Après m’avoir posé des   questions de plus en plus précises, consultés de nombreux ouvrage de référence, interrogé leurs professeurs de biologie , ils en vinrent à la conclusion la plus plausible après avoir écarté toutes les autres possibilités : c’était les larves de coccinelles, très voraces, ne trouvant rien d’autre à manger, qui s’étaient attaquées à mes habits.

Dès ce jour, mes vélléités d’élevage d’insectes furent stoppées nettes.

Je me contentai dès lors de ramasser les coccinelles, les poser sur ma main et leur chanter la chanson…

Texte et photographies

Danielle Foglia-Winiger

Jeudi 16 avril 2020

Il y a 15 jours les champs fraîchement aérés étaient noirs de monde…

Les corneilles s’affairaient à y trouver leur nourriture. Lorsque la promiscuité était trop grande, en un battement d’ailes un endroit plus isolé  était fouillé, creusé; graines, insectes, larves, verre de terre et escargots débusqués et avalés.

Maintenant la terre est  si  sèche et aride que seuls quelques courageuses s’acharnent à creuser ramenant que piètre pitance.

La terre s’assèche et se durcit de jour en jour…

Là où j’habite on attend la pluie, craignant pour les cultures.  On parle même de sécheresse qui ne devrait pas s’éterniser. Certains annoncent qu’il pleuvra bientôt en consultant leur portable.

En attendant hier, une corneille menait un drôle de manège, du jamais vu à ma connaissance.

Postée sur le toit d’en face, elle venait sur la pelouse centrale la labourant par endroit de son bec .

Avec le confinement cet espace de jeu réservé aux enfants est déserté, elle avait donc tout le loisir de s’y promener et s’y adonner à son activité de recherche de nourriture en toute tranquillité.

Texte et photographies : 16. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Mercredi 15 avril 2020

Les souvenirs s’égrènent au cours de moments de solitudes et de retour sur images.

C’était au Vieux-Chêne, en bas de nez Grand-Maman, il y avait un atelier de sculpteur, Monsieur Glauser, marbrier.

Il m’était permis de sortir avec les enfants du quartier, mais je devais respecter un périmètre, ne pas franchir le pont qui menait à l’Eglise catholique, en direction de Genève, un pâté de maisons… strictement interdit de me promener ou jouer au bord du canal derrière la maison. 

Aucun problème, l’endroit avait des cours pavées qui étaient un terrain de jeux extraordinaire pour les parties de cache-cache, gendarmes et voleurs, Petit  Poisson Rouge, les jeux de ballon: les Pays ( pour celui-ci on utilisait le morceau de craie de couturière que j’avais dans ma poche ! ), le ballon prisonnier, et les jeux de jonglage de balles contre un mur.

Parfois me trouvant seule, je me rendais à l’atelier du marbrier. Il y régnait une atmosphère de création particulière: tout était blanc de poussière et le maître de ces lieux ressemblait à un scaphandrier sondant les fonds du Lac avec sa combinaison blanche et ses grosses lunettes.

J’aimais le voir travailler depuis le pas de la porte. Je n’y restais pas longtemps, bien que petite et fluette, il paraît que ma fêle silhouette le privait de lumières…

Il me faisait entrer. J’avais le droit de le regarder travailler quand il dessinait sur les stèles funéraires posés sur des solides tréteaux…

Mais lorsqu’il se mettait à creuser avec ses ciseaux et son marteau, il avait  peur pour mes yeux bleus. Il m’installait sur un sac de jute dans un endroit à l’abri, me donnait un déchet de pierre tendre non coupant sur lequel je pouvais dessiner avec l’un de ses crayons noir plat qui faisait varier l’épaisseur des traits. Il me montra comment l’utiliser lorsqu’il en eut assez de m’entendre pester de ne pouvoir dessiner comme j’en avais l’habitude. Puis , il me donnait un petit clou et un marteau léger. J’appris, sans aucune explication à marquer la pierre de points, au début n’importe où, puis progressivement mes oeuvres commençaient à ressembler à ce que j’avais en tête…. Je pénétrai dans le monde en relief en creusant la pierre . J’appris à utiliser la lumière pour contempler la réalisation et savoir quelle imperfection effacer. Je sus qu’un coup de marteau mal donné  laissait une trace indélébile qu’on ne pouvait enlever, qu’il fallait alors contempler le travail sous tous ses angles pour parvenir à effectuer la sculpture prévue en la modifiant légèrement…

La lumière et le toucher étaient primordiaux, il passait son temps à caresser ses oeuvres pour en sentir la moindre aspérité et orienter son travail… parfois il m’appelait pour que mes petits doigts fins passent dans les recoins non accessibles à ses gros doigts d’homme, je devais fermer mes yeux et me concentrer sur ce que sentaient mes mains…

L’ennui, c’est que malgré le tablier dont il m’enveloppait et le soin qu’il apportait à débarbouiller ma frimousse et mes mains, lorsque je rentrais les deux femmes n’appréciaient pas du tout mon aspect poussiéreux qui les obligeait à laver mes cheveux et mes vêtements avant que maman ne vienne me chercher le lendemain…

On essaya bien de m’interdire de franchir le seuil de l’atelier de Monsieur Glauser…rien n’y fit… pour finir on me coiffa  d’un grand foulard à la gitane, ce qui évita le lavage de cheveux…

J’y repense, ayant reçu un message de Jo Fontaine, sculpteur genevois avec lequel j’ai de beaux projets de photographies de son travail… avec le confinement toutes les activités des artistes qui leur permettent d’avoir des revenus sont suspendues pour un temps indéterminé, on leur a coupé les vivres …

«  Dans ces temps très troublants, heureusement qu’il y a nos ateliers pour refaire le Monde . « 

Texte et photographie : 15. 4. 2020 

Danielle Foglia-Winiger

Mardi 14 avril 2020

Je suis fille des villes, ayant toujours vécu en ville de Genève: son Lac et sa Vieille Ville me manquent.

La campagne n’a jamais eu beaucoup d’attrait, certainement dû à mon allergie qui se soignait à l’époque de mon enfance en restant à la maison.

Confinée dans mon village dont j’ai toujours apprécié la gentillesse et l’ouverture de ses habitants, je me suis astreinte à me promener derrière chez moi.

Le paysage en ce printemps m’offre un patchwork de couleurs qui change de jour en jour.

J’en suis arrivée à me demander quelles cultures céréalières se cachent derrière chacune de ces teintes.

Les champs aux fleurs jaunes: facile c’est le colza.

Maintenant dans les différentes teintes de vert, le plus soutenu, le seigle et le blé… les parcelles de terre qui malgré le manque d’eau  voient pousser ça et là des touffes vert foncé : le maïs.

Par contre le mystère demeure en examinant le vert tendrement bleues , ses fleurs blanches, ses feuilles larges et ses filaments tire-bouchonnés: aucune céréales ne répond à ces caractéristiques, lorsque finalement je tombe sur un article traitant de la culture biologique qui consiste à faire coexister culture de seigle et culture de pois…

Tout s’explique, ce sont des fleurs de pois que j’ai photographiées… elles sont si belles à l’ombre de leurs larges feuilles… il me semble même voir les pois en transparence…

 

Texte et photographies : 14. 4. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Lundi 13 avril 2020

Ô temps suspends ton vol,

Et vous heures propices !

Suspendez votre cours …

( Lamartine )

Dans ce temps suspendu à l’infini, j’ai pris l’habitude de me promener dans la plaine qui s’étend derrière chez moi. Je la vois s’éveiller à la lumière du jour… 

Je prépare mes appareils de photos pour partir par les chemins, toujours les mêmes.

Partir l’esprit et l’oeil ouverts sur les rencontres et surprises qui vont m’être réservées dans ce temps de marche et de bien-être pendant lequel j’oublie tous mes soucis… laissant mes sens entièrement en alerte sur cette nature qui m’entoure.

Ce fut la lune qui se montra dans la lumière du soleil, les corneilles s’affairants dans un champs fraîchement retourné, le vol incroyable de ces milans se laissant aspirer par un siphon d’air ascendant dans un ballet aérien fascinant, une petite mésange charbonnière au cri strident dans un buisson proche … une alouette sortant à la verticale en poussant son chant devant moi alors que je venais de m’arrêter, et que dire du vol silencieux des trois hérons au-dessus de ma tête …

Hier, j’étais partie à la recherche des hérons jusqu’à la clairière que l’on m’avait indiquée. 

Je marchai longtemps pour ne trouver aucun des oiseaux espérés…

J’attendis quelques temps, mais personne ne vint me rejoindre…

Au moment de partir, un bruit d’ailes, une corneille vint se poser sur une branche et lança son coassement puissant…

J’eus tout loisir de la photographier et rentrer…

Texte et photographies : 13. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Dimanche 12 avril 2020

Tigerli, chat qui partage ma vie depuis plus de 7 ans est étonnant. Il n’est pas un jour où je ne remarque son grand attachement et suis très sensible à sa façon de me le faire savoir.

Tout d’abord au réveil, si je tarde trop à sortir du lit, il vient me caresser le visage de sa patte  aux griffes légèrement sorties. J’ai dû lui apprendre à les rétracter et maintenant il le fait d’une patte douce. 

Dernièrement, malade avec des accès de quintes de toux bruyants et longs, il s’approche de moi, pose sa patte sur mes genoux me regardant avec ses yeux cassés, qui semblent vouloir me dire :  – Fais quelque chose s’il te plaît

Je lui parle doucement et le caresse jusqu’à la fin de la quinte. Son attitude implorante m’a incitée à l’emmener chez le vétérinaire sans attendre…

Il sait me faire savoir que les gamelles sont vides en les entrechoquant de plus en plus fort jusqu’à ce que je réagisse…

C’est un jaloux, il me veut pour lui tout seul et ne supporte pas que Capsule, chatte de la maison, vienne partager le lit. Il la chasse sans ménagement et vient se coller à moi. Il a un grand besoin de contact physique.

Le seul moment où ce n’est pas l’amour fou entre nous, c’est lorsqu’il m’amène souris, musaraignes, passereaux et même une fois, un merle. 

Il parait que c’est un cadeau… mais moi, je n’en veux pas de ses cadeaux!!!

Je suis pour la vie et la protection de tous les animaux. 

L’atavisme de ce chat fait qu’il est un chasseur d’exception. 

Je lui fais comprendre que je ne suis pas contente, mais pas du tout …. et l’empêche fermement de rentrer avec sa proie. 

Tigerli n’aime pas qu’on le gronde en haussant le ton, il va systématiquement se cacher.

Maintenant, chaque jour, il vient me témoigner son affection en déposant des cadeaux à mes pieds, ce qui lui attire  félicitations et caresses.

L’autre jour ne supportant pas de me savoir derrière une porte fermées, ce sont deux jouets que j’ai trouvés en sortant .

Texte et photographies : 12. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Samedi 11 avril 2020

Dans cette période troublée et incertaine qu’il m’est donné de vivre , une femme se fait de plus en plus présente : Grand-Maman, la Femme de mon enfance.

Tout de suite vous avertir que je ne l’ai jamais connue debout. Elle souffrait d’une arthrite déformante qui l’avait contrainte à rester assisse, ses genoux ne la soutenant plus. On lui avait confectionné une chaise à roulettes , une chaise montée sur un cadre de bois avec quatre roulettes chaque coin. Pour se déplacer elle utilisait un petit banc sur lequel reposaient ses pieds. Elle avançait le petit banc d’un mouvement de ses jambes et d’un coup de reins roulait la chaise en avant. Son univers de déplacements était restreint : une chambre avec alcôve dans laquelle se trouvait son lit . Le matin, une fois le lit fait, on tirait un grand rideau de velours grenat et la grande table devenait lieu de travail, de repas , de jeux … de vie dans ce Vieux- Chêne où je passais tous mes dimanches puis les week-ends lorsque je fus à même de prendre le tram 12 à Bel Air jusqu’à Chêne – Bougeries. Une véritable épopée lorsque maman me fit monter dans un tram sans vérifier la destination, le fameux tram rouge qui faisait une boucle aux Eaux-Vives au lieu de continuer tout droit… un stress sans nom… heureusement qu’il y avait le contrôleur derrière sa vitre qui se rendit compte de mon désarroi, demanda à la cantonade qui se rendait à Moillesulaz et me confia à une gentille dame qui me prit en charge. Crânement je me laissai guider dans le changement de tram tout en vérifiant que je reconnaisse bien les arrêts qui devaient se succéder.

Arrivée à Chêne-Bougeries, à l’arrêt, après le Temple et le goulet, ma tante , soeur ainée de maman, m’attendait, sur le refuge alors que grand- maman surveillait derrière sa fenêtre… Elles étaient dans tous leurs états et moi en descendant, de me trouver enfin à bon port, je me mis à sangloter, incapable d’expliquer ce qui m’était arrivée. Grand-maman me calma, me réconforta et  parvint à obtenir une explication de ma mésaventure.

Le lendemain maman qui venait dîner fut accueillie par des réprimandes  et on ne lui fit pas grâce de lui reprocher son retard perpétuel… Il est vrai qu’elle était incapable d’être à l’heure partant toujours à la toute dernière seconde…

Grand-maman était ma confidente, elle savait garder mes petits secrets et moi les siens. Elle était mon soutien.  Lorsqu’elle le jugeait nécessaire, elle me défendait et trouvait toujours des solutions à mes problèmes où aux situations problématiques dans lesquelles je m’étais fourrées . Sans aucunes concessions, elle m’expliquait mes torts et comment à y remédier … ce qui n’était pas facile car j’étais une rapide, impulsive et hypersensible …

C’est elle qui m’apprit à tricoter.  Avec ses mains déformées, elle tricotait layettes, chaussettes et petits pulls pour les gens du voisinage. Elle ne pouvait tricoter que des pièces légères. Elle m’apprit à jouer au charet en dessinant une tablier de jeu sur un carton blanc récupéré, et à moi de choisir dans le bocal à boutons les blancs et noirs de même grandeur.  Elle ne me laissait pas gagner à chaque fois , mais je jouais pour une petite dame ( pièce de 50ct. en argent). A chaque partie gagnée je recevais une petite dame, mes gains n’ont jamais excédé un franc. Installée à ses pieds sur le petit banc, elle m’apprit à lire l’allemand dans sa bible,  ( plus tard je me rendis compte que je savais  lire le vieil allemand à la grande surprise de mes cousins habitant l’Oberland Bernois ) .

Elle vivait avec sa fille ainée qui avait accepté de s’occuper de sa maman invalide. Grand-maman se rendait utile en effectuant de petites tâches, faufiler, préparer les canettes pour la machine à coudre et rembobiner les bobines. J’aimais bien l’aider . Elle prenait le temps de me montrer comment m’y prendre pour que ce soit plus facile ce que maman n’avait jamais le temps de faire.

Un travail m’était dévolu chaque matin, une fois qu’elle était habillée, celui de lui passer les bas de laine qu’elle s’était tricotés. Mission difficile car il fallait parvenir à les enrouler jusqu’au fin  bout du pied et les monter délicatement jusqu’au genou sans lui faire mal.  Au moindre « aïe » ma tante accourait et mettait les bas d’une main experte  ce qui me vexait car je sentais bien que je n’étais pas à la hauteur de la tâche que l’on m’avait confiée. 

Ce que j’aimais par dessus tout, c’était lorsqu’elle sortait les photos de son petit sac crocheté et me racontait les histoires de son enfance dans les montagnes bernoises. Elle n’avait qu’une photo où elle posait avec mon grand-père que je n’ai pas connu. Il est décédé de la tuberculose la laissant seule et sans ressources  avec 3 enfants dont le plus jeune, mon oncle, n’avait que 6 ans. Elle accepta d’aller en apprentissage dans l’atelier de tailleur que son frère avait sur les Hauts de Neuchâtel .  Une fois formée , elle travailla pour les hommes de la région de Cressier où elle habitait et décida que l’avenir de ses deux filles passerait par la couture, métier que l’on pouvait exercer tout en restant à la maison. Ma mère, un peu têtue et cherchant à se démarquer de sa soeur aînée qui avait choisi la même filière que sa mère , décida d’habiller les belles dames.

La photo avec mon grand-père était bizarre, Grand-Maman était tout de noir vêtue et tenait un bouquet de fleurs. Un jour je me hasardai :

  • Vous alliez à un enterrement ?
    • Mais non, c’est la photographie de notre mariage , tu ne vois pas le voile blanc que je portais sur la tête …

 

Je la vis souffrir de cette maladie qui envahissait  progressivement toutes ses articulations lui provoquant par moment des lancées douloureuses malgré les médicaments que le médecin prenait soin de lui prescrire.

Lorsque sa nuque commença à se bloquer , elle dut faire face à d’effroyables maux de têtes. Je sentis que son attitude digne et courageuse commençait à flancher.

 

Elle choisit de partir en été lorsqu’elle était chez son fils, dans son cher Oberland Bernois, terre de ses origines.

 

J’avais 13 ans, j’avais perdu mon pilier, ma force, celle qui me montrait  comment avancer courageusement sur le chemin de la Vie…

 

Dès lors je me débrouillai seule en faisant des erreurs dues à mon tempérament qui ne s’était guère arrangé avec l’adolescence . Mais à chaque fois que je pensais à elle , je reprenais courage et persévérais dans mes choix et les objectifs que je m’étais fixés, parfois envers et contre tous …

 

Danielle Foglia-Winiger

   

Vendredi 10 avril 2020

Caché au creux de la plaine, un village : ce sont les jardins Familiaux de la Commune de Bernex.

Ils font partie de la FGSF ( Fédération Genevoise des Jardins familiaux) , organisme à buts non lucratif dont les objectifs sont:

  • le mise à disposition, des jeunes et moins jeunes, une surface de jardinage et de détente en contribuant à la santé de ces jardiniers et jardinières des dimanches , jours fériés et vacances ,
  • l’enrichissement de la biodiversité des agglomérations,
  • le contact étroit des enfants avec la nature et la découverte de l’importance du respect de l’environnement, des plantes et des animaux.

C’est entre juin 1967 et juin 1974 que la FGJF crée, entre Bernex et Aire-la-Ville , ce lotissement qui comprend 216 parcelles dans un premier temps puis une extension à 231 parcelles et l’aménagement de 2 parkings ainsi que la construction d’un bâtiment commun avec des sanitaires. Le tout, sur une superficie de 80’634 m2.

C’est finalement en 1984 qu’un second bâtiment  comprenant des sanitaires, un local d’entreposage de matériel et une salle de réunion est construit.

Pendant la belle saison plus de 300 personnes y sont présentes, véritable creuset intercuturel de religions, d’origines, de générations.

C’est le premier dimanche de semi-confinement que je décidai d’aller voir sur place. 

Il était encore trop tôt, tout paraissait désert, puis petit à petit vers les 10h, des voitures se présentèrent sur le chemin et vinrent se parquer.

La vie de jardinage reprenait ses droits et ses attraits m’obligeant à rentrer chez moi n’ayant aucune vocation de paparazzi …

Texte et photos : 10. 4. 2020 

Danielle Foglia-Winiger

Jeudi 9 avril 2020

Le monde me paraît différent.

Moins d’agitation, de circulation donnent aux mots rencontrés une signification en rapport avec le vécu actuel …

Des inscriptions mettant de la couleur sur des surfaces ternes, toiles d’artistes inconnus qui s’expriment en donnant de la lecture à voir, lecture d’images, lecture de mots…

Ces lettres voyantes, à la calligraphie recherchée et originale mettent une touche vive à laquelle pourtant, je n’avais jamais prêté attention .

Serait-ce parce que, toujours pressée, je passais par là en voiture?

La marche donne aux déplacements une lenteur qui permet d’approcher ce qui n’est visible que de loin.

9. 4. 2020

Mercredi 8 avril 2020

Avec le printemps les prairies se parent de points colorés comme si un peintre impressionniste était passé par là .
Ma connaissance des pâquerettes a commencé par la confection de couronnes et bracelets , bijoux éphémères dont se paraient toutes les fillettes .
Quant au pissenlits nous en cueillions un , avec une tige la plus longue possible , nous faisions mine de l’offrir en disant « Bonjour Madame ou Monsieur « et d’une chiquenaude la fleur perdait son chapeau jaune !
Plus tard , je me mis à confectionner des herbiers à l’instar de Rousseau qui témoigne de sa pratique de l’herborisation dans son dernier livre « Les Rêveries d’un Promeneur Solitaire « ( rédigé entre 1776 et 1778 ) . Ce fut lors de ma période scoute que je commençai ma collection , consistant à cueillir fleur et feuilles afin d’en trouver le nom en m’en référant à des ouvrages de botanique , à les faire sécher entre deux feuilles de papier buvard et les coller dans un cahier , sorte de répertoire des fleurs repérées lors de mes promenades à la campagne ou en montagne . On sait que le Genevois Augustin Pyramus de Candolle (1778 -1841 ) consacra toute sa vie à dresser l’inventaire de toutes les espèces végétales connues sans jamais y parvenir …
Avec l’avènement de la photographie numérique je poursuis cette quête à travers mon objectif …
Dernièrement , lors de l’une de mes promenades solitaires , mon regard fut attiré par une plante insolite en bordure de chemin … On aurait dit une herbe plus touffue … En y regardant de plus près je me rendis compte qu’elle présentait des fleurs en couronne d’une couleur légèrement jaune anisée… Je m’appliquai à prendre des images qui me permettraient de déterminer de quelle espèce il s’agissait … 
Rentrée à la maison , je commençai mes recherches en consultant mes livres et Google … 
Je découvris que c’était une euphorbe: joli nom grec pour une plante toxique possédant un latex pouvant provoquer de sévères irritations de la peau … 

Par chance , je ne l’ai pas cueillie , mais simplement photographiée …

Texte et photographies : 8. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Mardi 7 avril 2020

Jeudi soir ma couronne pivot est tombée. Me regardant dans le miroir j’y vis le sourire édenté d’une sorcière. Cette dent , je ne la vois pas dans le lavabo, s’il faut que je démonte le siphon, j’en ai pour une journée… par acquit de conscience,  je cherche tout de même par-terre et la trouve fichée dans le tapis de bain.

Mon dentiste est au chômage partiel, je dois patienter jusqu’à lundi…

Lundi, téléphone à la première heure et rendez-vous le jour-même à 11h.

Je me rends en ville en voiture. Sur la route la circulations est particulièrement fluide, la Ville calme, les rues presque désertes, les magasins fermés, on se croirait un dimanche…

Laissant ma voiture, je poursuis à pieds. Les devantures arborent toutes une affiche avec le Coronavirus comme raison de fermeture… La réalité de l’arrêt et des difficultés économiques des indépendants de la vente devient évidente…

Le marchand de musique, chez lequel j’achetais les quelques disques avec les économies prélevées sur mon argent de poche, a triste mine, sa vitrine est poussiéreuse, comme laissée à l’abandon. Je me souviens du vendeur qui m’installait dans une cabine pour me passer les disques choisis et même  souvent il rajoutait sa dernière trouvaille, son coup de coeur… il n’était pas rare que je reparte avec le disque qu’il m’avait fait découvrir : du jazz, du folk des airs de fado à faire pleurer…

Quelle désolation sur ma Ville … je ne la reconnais pas …

Texte et photographies : 7. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Lundi 6 avril 2020

Le week-end s’annonce chaud …
Promenade tôt dans la fraîcheur du petit matin …
Avant de choisir un itinéraire : arrêt sur un point de vue qui me permet d’avoir un regard circulaire sur la plaine … Personne à l’horizon …
J’ai tout de même rencontré :
– une corneille 
– un tracteur aérant la terre ,
– un monsieur marchant d’un pas alerte , il fait le tour du coteau chaque matin ,
– des parents et leur petite fille jouant à l’avion à la descente ,
– un couple poursuivant leur chemin sans se parler ,
– une femme et son chien s’octroyant un moment répit .
Et au loin à l’orée de la forêt :
– des cyclistes circulant les uns derrière les autres 
– deux cavaliers flattant l’encolure de leurs chevaux avant de poursuivre …

Et surgissant dans le cadre un mouton avec toute son épaisse toison d’hiver …
A y regarder de plus près c’est un bélier …

Texte et photographies : 6. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Dimanche 5 avril 2020

N’ayant pas de chiens, je promène mes appareils de photos chaque jour.

Je vais à la rencontre des surprises inattendues, sans idées préconçues, l’oeil ouvert  à ce qui peut attirer mon attention.

Partie plus tôt que d’habitudes, tous les matinaux étaient déjà de sortie. Ils avaient le temps de discuter, jamais longtemps et toujours à plus de 2 m.

C’est la première fois qu’on m’interroge sur la  photographie.

  • Vous en faites depuis longtemps ?
  • Quel appareil utilisez-vous?
  • Votre sac n’est-il pas trop lourd?

C’est avec plaisir que je réponds et explique cette passion qui m’habite depuis l’enfance et m’a toujours fait oublier les tracas et soucis quotidiens …

De retour chez moi, je m’interroge:

Pourquoi t’adonnes-tu à la photographie ?

Par besoin de recherches d’esthétisme pur, pour laisser une trace, fixer un instant inoubliable …

en cette période de Coronavirus, simplement l’envie de témoigner par écrit et par l’image de l’étrange, l’inhabituel des modifications observées sur la nature humaine et celle qui s’éveille à la lumière du printemps envers et contre tout …

Texte et photographies : 5. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Samedi 4 avril 2020

Urgence ce matin, je n’ai plus d’antihistaminiques… par ce beau temps, ils me sont plus que nécessaires…

J’appelle ma pharmacie,  le répondeur m’annonce qu’ils sont à l’écoute de 9h à 17h, il ajoute :

  • Nous n’avons pas de masques,  pas de gants ni de solution alcoolisée !

Il est 9h30.

J’essaie plusieurs fois, toujours cette voix d’homme sur le répondeur.

De guerre lasse, je m’habille et hop! me voilà sur le chemin du village marchant d’un pas rapide pour rejoindre la pharmacie la plus proche.

De loin, j’aperçois la croix verte et guette : personne… pas de queue ..

  • Serait-elle ouverte ?

Mais oui, une seule personne à l’intérieur !

Mains alcoolisées , c’est déjà mon tour …

La pharmacienne a tout ce dont j’ai besoin, sauf un médicament, délivré que sur ordonnance médicale …

Elle me suggère de demander à la Pharmacie du Centre Commercial qui doit être débordée et ne peut répondre à mes appels de lui transférer par mail un copie de l’ordonnance.

Super solution trouvée, je peux être livrée le jour même puisque j’habite à l’autre bout du chemin… 

Nous parlons de cette épidémie. Elle m’apprend que chez certains l’angoisse est si grande qu’ils en viennent à être impatients, irascibles, à crier, proférer des insultes , s’en prenant à celle qui leur répond  et l’attaquant sur ses origines et ses compétences…

  • Je garde le sourire  mais n’oublie pas, nous sommes tous sur le même bateau actuellement !!!

J’achète encore un petit flacon de solution alcoolisée pour les mains. Impossible d’en trouver , les pharmacie étant en rupture de stock.

Il sera précieusement gardé et utilisé qu’en cas de nécessité absolue…

Le savon de Marseille a très bien fait l’affaire jusqu’à présent …

Texte et photographies : 4. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Vendredi 3 avril 2020

Promenade quotidienne, la douceur et la netteté des contours surprennent mon regard de myope.

Rien ne bouge, une carte postale immobile.

Ma motivation à photographier est absente. Rien de neuf sous le soleil de Bernex.

Je m’avance vers un terrain en friches espérant y trouver l’image du jour : rien de bien folichon à me mettre sous l’objectif et pourtant ce n’est pas faute de m’affairer, chercher, prospecter le moindre recoin…

Un aboiement m’oblige à me retourner. Je me trouve face à un grand chien blanc qui vient vers moi à bonne allure. Faisant fi des rappels énergiques et de plus en plus forts de sa maîtresse, il poursuit sa course en ma direction. Je fais le poireau, m’immobilise et me garde bien de le regarder. Il me flaire, va vers mon sac laissé plus loin et revient . Il finit par me tourner le dos et daigne rejoindre celle qui l’attend en haut de la butte. Elle lui donne l’ordre de s’asseoir et de marcher au pas jusqu’à ma hauteur.

Je ramasse mon sac et prends le chemin du retour, dépitée: aujourd’hui la nature ne m’a révélé aucun de ses secrets…

Je m’arrête pour contempler le Jura et humer cet air qui me paraît si pur…

Au loin des corneilles croassent… le ciel s’anime du vol lent et silencieux d’un couple de milans noirs. Au-dessus des arbres, une corneille, silhouette trapue au vol saccadé, cherche à atteindre l’un ou l’autre des rapaces, s’ensuit un jeu entre les trois oiseaux. La corneille retombe et vient inlassablement ennuyer les deux rapaces cherchant à interrompre leur progression majestueuse et continue…

Un vrombissement, l’apparition d’un drôle d’oiseau fait disparaître les trois volatiles. 

Un oiseau mécanique  aux couleurs de l’armée s’élève derrière les arbres, survole la zone et disparaît en direction du Jura accompagné de loin par le couple de milans …

Texte et photos : 3. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Jeudi 2 avril 2020

Dans cette période où chacun se doit de rester à la maison, l’exercice physique me manque et plus encore les leçons de rythmique …

On voit fleurir sur le net et à la TV, toutes sortes de propositions, allant de la pratique du vélo d’appartement au programme que gym, yoga ou danses. Aucune ne retient mon attention. Jusqu’à présent ma pratique d’activités physiques consistait à bouger sur une musique entendue à la radio, à préférer l’escalier à l’ascenseur et surtout aller me promener au bord du Lac…

C’est bien joli tout ça, confinée à la maison, mon dos se rappelle à mon souvenir… je le soulage avec des exercices d’assouplissement appris à la rythmique, à la chorale et à la Fête des Vignerons lors des échauffements… Avec le pommeau de la douche je parviens à le masser en variant la pression et la chaleur… soulagement immédiat, mais non définitif…

Dès le matin au réveil, je contemple la plaine juste derrière chez moi… 

Au début, je me contentais de prendre quelques photos de mon balcon, puis observant plus attentivement le va-et-vient, je me suis rendue compte que seules quelques personnes promenaient leurs chiens.

N’y tenant plus, je me hasardai à une petite promenade quotidienne, histoire d’aérer mes neurones, mes poumons et de me dégourdir les jambes.

Je ne vais pas bien loin sur les chemins de cette magnifique étendue de terres cultivées…

Lorsque par hasard je rencontre un promeneur, un joggeur ou un cycliste:

« ALLERTE !  22 v’la le coronavirus !  Gardons la distance de sécurité ! « 

Un sourire, un geste de la main et le danger est évité … 

Texte et photos : 2. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Mercredi 1er avril 2020

Habituée au bruit continu de la route de Chancy, celui-ci a commencé à devenir très différent avec les travaux d’élargissement de la chaussée afin que le tram 14 puisse rejoindre la frontière à Chancy.

Des engins de chantier sont entrés en action, arrachant barrières et végétation qui se trouvaient en bordure de route. Nous avons tremblé pour nos arbres qui bordaient la propriété, écrans au bruit et à la lumière des phares le soir. A notre grand soulagement, ils furent épargnés, seule la clôture  fut enlevée sans ménagement.

Avec les travaux, les nuisances ne tardèrent pas à nous incommoder : bruits insolites accompagnés d’une poussière de terres qui ont envahi nos logements.

Nous nous consolions, les travaux allaient bon train et comme prévu et en décembre le tram serait inauguré.

Ma vie allait être améliorée avec un arrêt de tram à la porte du jardin…

Étonnamment, je jouis actuellement d’une tranquillité inhabituelle, le chantier est au repos sur ordonnance du Canton de suspendre les travaux pour protéger ses ouvriers du Coronavirus.

C’est alors que d’autres bruits, bien plus agréables parviennent à mes oreilles: le chant des oiseaux, concert quotidien, véritable ode au printemps. Leurs cris, sifflements , gazouillis et trilles me permettent de les repérer dans les arbres et buissons qui ne sont pas encore vêtus de leur feuillage…

La nature se fait entendre et reprend une place que l’on avait perdu l’habitude d’apprécier…

Texte et photos : 1. 4. 2020

Danielle Foglia-Winiger 

Mardi 31 Mars 2020

Réflexion du matin :

Différents points de vue et éclairages enrichissent l’appréhension d’objets réels

Il en est de même pour les débats politiques, publiques, philosophiques scientifiques, économiques… et d’idées quelles qu’elles soient …

Texte et photos : 31. 3. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Lundi 30 mars 2020

Le temps brumeux, estompant les contours, m’a incitée à sortir dans la plaine derrière chez moi.

Pas grand monde, que des promeneuses de chiens qui s’arrêtaient deux par deux à distance respectable pendant que leurs animaux s’ébattaient en toute liberté.

Pour éviter la rencontre, je pris la direction du chantier. Pas grand chose à voir, ni à photographier: des machines à l’arrêt, des tuyaux, des blocs de cailloux …

Passée cette zone de travaux, une étendue de champs s’ouvrit devant moi, nouveau patchwork d’assemblages de couleurs dessiné par les cultures.

Tout à mon activité d’observation et de prises de vue, je vis apparaître dans mon objectif un oiseau au vol planant… 

Abaissant l’appareil de photo , j’observai … un deuxième commença , lui aussi à former des cercles concentrique dans le ciel… A n’en pas douter, je me trouvais en présence de rapaces qui étaient en repérage de proies …

Par moment, ils volaient bas, j’attendais la descente toutes serres ouvertes et sa remontée chargée d’un rongeur… Les mulots, souris des champs ou autres rongeurs ne devaient pas être de sortie… Ils continuaient imperturbablement leur vol ample et silencieux, quand ce furent un…. puis deux…. trois… une douzaine d’oiseaux qui se joignirent en un ballet incroyable. Ils montaient très haut dans le ciel, comme aspirés par un siphon, je n’avais encore jamais assisté à une telle chorégraphie ascensionnelle, les oiseaux profitaient de courants ascendant pour s’élever droit dans le ciel jusqu’à devenir un petit point quasi imperceptible à ma vue.

Quelques photos pour immortaliser ce moment.

Ces oiseaux, grâce à l’envergure de leurs ailes, ont la capacité de jouer avec le vent et de l’utiliser.

Ce matin – là, il était au rendez-vous, bien présent mais pas tempétueux.

Cette troupe de milans noirs m’ont offert un ballet céleste que je ne suis pas prête d’oublier…

Texte et photos : 30. 3. 2020

Danielle Foglia-Winiger  

Dimanche 29 Mars 2020

Flash-back

Souvenirs de mon enfance au quatrième étage d’un immeuble situé derrière la gare de Cornavin. 

Maman, veuve, travaillait dur comme couturière pour m’élever et chacun le savait du premier au quatrième étage.

La plupart des habitants m’y avait vu naître, j’étais devenue l’enfant de la maison.

Il est des appartements où j’adorais me rendre, j’y était toujours bien accueillie.

Chez Madame Dubach, pour jouer avec son chien Lassie, lui rouler sa balle dans le couloir, le caresser, lui donner ses friandises: c’était permis parce qu’elle habitait au premier étage.

La concierge , qui lorsque je sonnais, répondait derrière sa porte fermée:

– C’est qui ? 

puis 

– Attends ! 

Elle ouvrait en peignoir pour me tendre le passe qui me permettait de rentrer chez moi… j’avais une fois de plus oublié ma clé !

Les Borzis , chez qui je frappais le plus souvent ( la sonnette étant hors de ma portée) pour jouer avec Michel, leur fils unique de deux ans mon cadet, le seul enfant de la maison, mon petit frère en quelque sorte.

Makaiser, celle qui veillait sur moi lorsque maman s’absentait, allant même jusqu’à me mettre au lit si maman tardait trop ayant dû aller faire retouches et ajustements sur ses robes juste avant une soirée dans le grand monde…

Je me souviens encore des deux hommes avec lesquels j’étais autorisées à monter en ascenseur, ils habitaient le troisième étage, il ne me restait plus qu’un étage, ce qui était fort appréciable en fin de journée, ma condition physique faiblissait d’avoir parcouru l’escalier dans les deux sens maintes fois …

Cette maison était mon refuge …

Dès la porte d’entrée franchie, je m’y sentais en sécurité. Je n’en ai gardé que des souvenirs heureux .

La solidarité, les services que ses habitants se rendaient naturellement, se vivait au quotidien …

Texte et photographies : le 29. 3. 2020

Danielle Foglia-Winiger

Samedi 28 Mars 2020

Une semaine déjà que je suis confinée chez moi…. J’avais bien fait des provisions mais quelques produits venaient à manquer me plongeant dans des réflexions contradictoires :

  • Il va falloir songer à aller faire des courses !

Et mon Jiminy Cricket de me sussurer:

  • Tu sais très bien que ce n’est pas prudent, tu dois absolument éviter les foules, tu es dans la population à risques…

Alors je me raisonne, trempe mon pain dur dans mon café comme le faisait un vieil ami … scrutant armoires et frigo pour savoir jusqu’à quand je pourrai tenir…

Mon fils m’avait proposé de faire mes courses. J’avais refusé ne voulant pas le surcharger dans une période où ils étaient quatre à vivre confinés dans un appartement, qu’il devait faire l’école à la maison et organiser le temps et les activités de ses deux fils, ce qui n’était vraiment pas facile…

Cependant la solitude commence à me peser, bien que les relations téléphoniques et virtuelles soient présentes  au quotidien … Je décide d’accepter l’offre de Bernard. Sa réponse ne tarde pas me demandant si je peux attendre jusqu’à mardi, jour prévu pour aller faire ses course à Balexert. La veille il me faudra lui envoyer la liste des courses et ce sera très volontiers qu’il me les apportera… 

Ouf, me voilà soulagée d’un grand poids et en plus j’aurai l’occasion de le revoir et de lui parler même si c’est de loin …

Mon horizon s’éclaircit …

Mes repas deviennent de plus en plus frugaux. Je veille néanmoins à me nourrir de manière équilibrée.

Hier, ma jeune voisine sonne à ma porte pour prendre de mes nouvelles et me propose de faire quelques achats puisqu’elle se rend à la Coop.

C’est le providence qui me l’envoie…

Rapidement je lui dresse la liste des quatre produits qui me manquent. En plaisantant, elle me demande:

 – Vous n’avez pas besoin de papier Q, cela fait une semaine que j’en cherche et n’en ai pas trouvé dans les magasins que j’ai visités.                                                                              

Bien évidemment, j’étais en manque…

D’un seul coup, cette journée morose, pendant laquelle j’étais lasse et sans motivations, tournée vers des pensées sombres : les souvenirs de ceux qui n’étaient plus là et me manquaient cruellement, ajoutés à ceux dont cette épidémie me privait de leur présence … reprenait des couleurs et mon énergie positive refit surface…

Je me mets à attendre avec plaisir son retour.

Un coup de sonnette et je trouve mes courses sur le paillasson dans un cornet encore humide de désinfectant. Elle est en face de moi, appuyée contre le mur, nous engageons la conversation, arrive notre voisine qui revient d’une visite éclair auprès de son mari placé dans un EMS. Un triangle respectant les distances se met en place dans le hall. Chacune raconte, se raconte : l’hôpital , le bus, la Coop, la poste et leur longues files d’attente, l’attitude des gens, le souci permanent de désinfection…

Un moment de relations sociales , de rires qui font un bien fou …

Une fois la porte refermée, je range pain, bananes, jus d’orange, sans oublier le papier de toilette qu’elle était si heureuse d’avoir trouvé, et m’assieds sur la balcon… 

Mon regard se tourne instinctivement vers les dessins d’un petit bonhomme de trois ans dont la maman a eu la très bonne idée de les suspendre à l’extérieur de son balcon pour les donner à voir à tous ceux qui doivent rester chez eux…

Décidément, là où je vis, la solidarité n’est pas un vain mot …

Texte et photos : 28. 3. 2020

Danielle Foglia-Winiger                           

Vendredi 27 Mars 2020

Le temps ensoleillé de ces derniers jours me permet d’avoir accès à la plaine qui s’étend derrière chez moi: premier regard du matin vers le Jura pour savoir l’heure et le temps qu’il fait …

C’est une partie du plateau genevois qui présente des terres cultivées.

Je m’y rends pour une courte promenade.

Après avoir traversé prudemment la route, chantier désert depuis que les autorités genevoises y ont suspendu toutes activités pour protéger leurs ouvriers, me voilà sur le chemin qui parcourt les champs.

Il faut avouer que ce jour-là une bise noire s’était levée …

Très vite mon regard est intrigué par des nuages de poussière au loin…

Je m’avance et découvre deux tracteurs qui retournent la terre dans leurs parcelles  respectives.

Du sommet de ma petite butte, j’observe le ballet de ces deux engins mécaniques. Je ne suis pas seule, quelques spectateurs emmitouflés, encapuchonnés , éparpillés à l’orée des champs contemplent ce spectacle.

Je demeure là , fascinée par la précision du tracé des sillons, par la poussière soulevée par la bise et par le survol des oiseaux noirs aux alentours des tracteurs, rendant cette scène irréelle.

Le froid m’oblige à quitter à regret ce spectacle  étrange, provenant d’un autre monde. 

Je réalise que la vie continue, que nos paysans s’activent à cultiver la terre pour nous nourrir… signes réjouissant alors que tout semble s’être mis en veille dans l’attente de jours meilleurs…

Texte et photos : 27 mars 2020

Danielle Foglia-Winiger

Jeudi 26 mars 2020

Le confinement se vit au jour le jour en ponctuant ma journée de tâches ménagères: passer l’aspirateur, essuyer la poussière , faire la cuisine, laver la vaisselle , faire tourner le lave-linge , sécher le linge à plus de 60° et le repasser … toutes activités que je pratiquais régulièrement ou épisodiquement ayant une fée du ménage qui s’appliquait chaque vendredi à rendre mon appartement nickel-chrome.

Tous les solitaires,  comme moi , font leurs courses et leur ménage… ils n’ont pas le choix …

D’autres habitudes reviennent, celles qui consiste à devenir économes:

  • veiller à ne pas mettre trop de beurre sur les tartines,
  • griller le pain sec,
  • utiliser le papier de toilette avec parcimonie,
  • réparer son aspirateur,
  • coller le dossier de la chaise avant qu’elle ne casse,
  • faire bouillir l’eau du robinet dans une bouilloire,
  • recoudre les boutons,
  • refaire une couture qui a sauté,
  • repriser le pull si confortable.

Bref, retrouver tous les gestes que Grand-Maman et Maman avaient mis en place après la guerre pour continuer à ne pas vilipender…

On disait qu’elles économisaient les bouts de ficelles …

Pas faux !!! Elles embobinaient soigneusement les ficelles des paquets reçus et repassaient les papiers qui les emballaient afin de les réutiliser…

Elles aimaient à répéter :

«  Il n’y a pas de petites économies ! *

«  Les petits ruisseaux font de grandes rivières « 

Texte et photo: 26.3. 2020 

Danielle Foglia-Winiger

 

Mercredi 25 mars 2020 

Le coronavirus fait peur: il est lié à la mort… il faut coûte que coûte  se maintenir en vie et prendre toutes les précautions pour y survivre, tant au niveau de notre santé physique que psychique…

 

Depuis le début de l’annonce de son apparition en Chine en janvier 2020, la peur va grandissante …

Bien que prévenue personnellement, que je suis dans la population des personnes à risques avec mon asthme et mon âge ( plus de 65 ans ), je ne me sentais pas très concernée puisqu’il sévissait sur un autre continent : l’Asie.

Lorsque l’Italie a été touchée, là j’ai réalisé que c’était sérieux, qu’il fallait que je prenne soin de moi pour éviter de tomber malade.

Des infos de toutes parts ont commencé à surgir, informations de tous bords, celles émanant des Conférences de Presse de la Confédération et des Cantons  durcissant leurs mesures de protection de jour en jour jusqu’à ce lundi où un confinement partiel a été décrété. 

Dès lors Confédération et Cantons martèlent sans relâche qu’il est du devoir et de la responsabilité de chacun d’entre nous de respecter les règles sanitaires préconisées  pour retarder le pic d’épidémie et permettre au personnel soignant et aux hôpitaux régionaux de ne pas être débordés par un flux trop important de malades…

 

Face à ces nouvelles alarmantes qui doivent être prises au sérieux par toutes les couches de la population, j’ai vu apparaître toutes sortes de publications.

Des pages humoristiques qui m’offrent un rire salutaire dans cette période de confinement solitaire pendant lequel j’ai peu l’occasion de rigoler… me permettant ainsi de dédramatiser cette situation…
Par contre j’ai vu aussi de nombreuses personnes publier des Fakes-news ou des conseils allant à l’encontre de ce qui est préconisé par les autorités sanitaires.

J’ai aussi vu des offres d’achat de produits de première nécessité à des prix prohibitifs puisqu’on ne les trouvait plus en pharmacie et dans les magasins d’alimentation.

Et pour finir, des vidéos mettant en scène des situations tragiques engendrées par le coronavirus, sorte de mauvais polar menant à une chute inéluctable… Pour exorciser sa propre peur on joue à se faire peur et augmenter la peur des autres ( ce qui doit faire plaisir à celui qui donne à voir ! ) sauf que ces mise en scène se vivent au quotidien dans la vie réelle pour certains,  que nous sommes tous embarqués dans cette période qui nous inquiète non seulement pour nous mais  encore plus pour tous ceux qui nous entourent et que nous souhaitons la traverser sans trop de dégâts ni de tristesses…

 

Alors , laissons les infos aux spécialistes et à la presse qui relaie l’évolution donnée jour après jour  par nos autorités compétentes et contentons-nous de mettre de la légèreté dans l’air ambiant que nous respirons …

 

Texte et photo

 

Danielle Foglia-Winiger

Tout d’abord réaliser que vous devenez hyper précieuse pour vos enfants. Ils prennent fréquemment de vos nouvelles , vous recommandent de rester à la maison, de respecter scrupuleusement les recommandations sanitaires et ne viennent plus vous voir pour vous protéger et ne pas être responsables de vous transmettre ce virus … ils ne s’en remettraient pas de vous perdre à cause de cette satanée maladie.

De l’épidémie du Coronavirus on ne sait quand elle sera enrayée, un flou et une incertitude s’immisce sur notre avenir.

Le temps semble immobile, suspendu à l’évolution d’une contagion qui donne chaque jour ses statistiques à voir et entendre…

Dans ce contexte, je me trouve face à l’infinitude du temps: plus d’obligations, de rendez-vous, de tâches à effectuer dans un temps imparti…

Avec cette nouvelle situation, le stress s’est évaporé ( celui qui me permettait de parvenir au bout de tout ce que je devais faire en temps et en heure ! )

J’expérimente une nouvelle forme de vie, proche de la période des vacances lorsque je travaillais encore, période sans contraintes horaire et de rendements que j’attendais et appréciais tant…

 

  • Se lever le matin quand je sors naturellement du sommeil, réveillée  souvent par la lumière qui illumine ma chambre ou alors par les chats qui n’en peuvent plus d’attendre que je remplisse leurs gamelles,
  • Prendre le temps de savourer le petit-déjeuner et le tout premier café du matin , sans avoir à récapituler dans ma tête ce que je vais devoir mener à bien jusqu’au soir,
  • Remettre naturellement au lendemain ce qui n’est pas terminé,
  • Prendre le temps de m’occuper de mon bien-être, écouter mon corps ,
  • Aménager mon horaire quotidien en variant les activités,
  • Pouvoir m’adonner dans le calme à tout ce qui me procure du plaisir : la musique, la photographie et l’écriture, compagnons de toujours dans les moments heureux … mais aussi dans les périodes difficiles de ma vie…

 

Une nouvelle journée se lève , avançons tranquillement en la partageant et l’agrémentant de tout ce qui nous fait plaisir, avec un regard neuf porté sur la nature toute proche, les animaux et les humains qui nous entourent…

 

C’est peut-être aussi une possibilité qui nous est offerte de mettre à jour les travaux qui sont restés en souffrance par manque de temps…

 

Bonne journée de confinement à toutes et à tous !

 

Texte et photo : Danielle Foglia-Winiger 24. 3. 2020

 

 

 

23 Mars 2020

L’effet Coronavirus réserve des surprises…

Je passe mon temps au téléphone et sur les réseaux sociaux et là toute la dimension des modifications dans les relations amoureuses m’apparaît.

Pour mieux protéger l’autre on maintient les distances de sécurité, on observe  des règles d’hygiène strictes, on évite tout contact physique, les marques d’affection et d’amour se conjuguent sur tous les tons et dans toutes les formes virtuellement imaginables, sans risque de contagion.

Cela me laisse pensive… voici déjà quelques années que je me suis fermée à l’amour avec un nouveau partenaire après avoir vécu des violences conjugales pendant de nombreuses années, trop longtemps sans doute…

L’amour peut-être une expérience de partages extraordinaire, mais il apporte aussi son lot de souffrances. Je m’y refuse obstinément , bien que tous ceux qui y goûtent avec bonheur manifestent leur regret que je ne puisse pas y accéder.

Libérée du poids de cette relation qui me maintenait dans la peur,, je savoure avec délice la liberté de mes 20 ans retrouvée, et par là-même de pouvoir mener ma vie de patachon sans avoir de comptes à rendre à quiconque…

J’annonce clairement que dorénavant plus personne ne partagera ma vie au quotidien !!!

Et maintenant avec le Coronavirus je continue à cultiver l’amitié sous toutes ses formes avec le plus grand bonheur…

Texte et photographie:

Danielle Foglia-Winiger

Le coronavirus est apparu comme une catastrophe planétaire qu’il faut combattre, car c’est un virus mutant qui prolifère rapidement.

Son effet n’a pas tardé à m’atteindre: exposition de photographies fermée , plus de rythmique, plus de répétitions de chorale, plus de cours de poterie , plus de cours de flûtes, plus de voyages… on me prive de tout ce qui mettait du sel dans ma vie …

Me voilà avec un temps libre infini à gérer.

Je réalise aussi que je suis dans la population à risques, que je vais devoir gérer cette crise en appliquant les recommandations que ma généraliste m’a conseillé de suivre…

Ma sacro sainte liberté d’actions en prend un méchant coup !!!

Pour achever le tableau, plus de contacts physiques avec ceux que j’aime pour me protéger et éviter que je me retrouve aux soins intensifs …

Un voile noir s’abat sur ma tête, assombrissant mon avenir…

Deux jours de réflexions, de désoeuvrement complet me permettent de réaliser que ma vie va changer. L’incertitude créée par l’évolution de cette épidémie m’oblige à renoncer à tous projets sur le long terme, à profiter pleinement de chaque jour qui passe en prenant soin de moi et surtout de maintenir le contact avec ceux qui me sont chers …

J’adapte mes relations avec ma famille et mes ami(e)s en poursuivant les publications et les messages sur les réseaux sociaux et le net, liens hyper bienfaisants et nécessaires, en téléphonant pour avoir le grand bonheur d’entendre la voix de ceux que j’aime et en écrivant à tous ceux et celles qui ne possèdent pas d’ordinateurs, avec la surprise et la joie de trouver des lettres après le passage du facteur …

Une nouvelle nécessité d’écritures m’est offerte par cette période de contagion galopante qui m’oblige comme tout un chacun à rester chez moi pour me protéger et protéger l’autre …

Texte et photo Danielle Foglia-Winiger

 

 

Ce matin message de Monsieur Poggia appelant les genevois à un confinement total. S’en est suivi un SMS d’un ami médecin urgentiste, qui sans vouloir semer la panique auprès de tous les membres du groupe, nous a conseillé d’aller faire nos course , nous avertissant qu’on s’acheminait vers un confinement total de la population au vu de l’évolution sanitaire …

Et c’est précisément aujourd’hui que mon aspirateur décide de tomber en panne …. Ce n’est vraiment pas le moment … sans aspirateur, difficile de faire le ménage, activité qui me paraît  par ailleurs être un bon exercice physique si je dois rester à domicile…

Il est donc temps d’aller faire des provisions pour tenir enfermée jusqu’à la semaine prochaine et voir venir … 

Je me rends en voiture dans le Centre Commercial le plus proche : il me faut aussi penser à la réserve de médicaments…

Parvenue sur place, un calme étrange règne, les distances de sécurité sont respectées à l’extérieur de la Migros et de la pharmacie.

Considérant la grande queue qui s’est formée pour entrer dans le magasin d’alimentations, je me rends directement à la pharmacie et me fais gentiment remettre à l’ordre: il y a un circuit obligatoire avec entrée et sortie séparée à respecter. A l’intérieur un paravent en plexiglas est dressé devant chaque guichet, toutes les pharmaciennes portent un masque, mesures qui ont de quoi me rassurer…

Après l’achat de mes médicaments, je me glisse  avec mon chariot dans la file d’attente sans réaliser que c’est à l’opposé que se trouve la fin de cette queue…

Tout le monde est discipliné, on se parle peu , sauf les membres d’une même famille… 

Bien sûr, en arrivant près de l’entrée , j’ai vu des personnes fâchées de ne pouvoir passer sans autre, refoulées par un Sécuritas… 

Une femme, comprenant qu’elle aurait un temps d’attente très long, a préféré rentrer chez elle sans faire de courses.
Parvenue  dans le  magasin, les gens respectaient la distance de sécurité, aucunes bousculades … je n’ai pas trouvé tous les produit que je cherchais et du en choisir d’autres encore en rayons …

Mais alors très inattendu et inespéré, je suis repartie avec un nouvel aspirateur petit, maniable, écologique … celui que je me souhaitais…

 

Texte et photos 

 

Danielle Foglia-Winiger  

 

 

Cette période de confinement me fait prendre conscience de la valeur de ce qui m’entoure : un balcon à l’abri du vent, bien ensoleillé sur lequel je peux aller ausculter le ciel, écouter les oiseaux qui s’en donnent à coeur joie, profiter des rayons du soleil …

Mais avant tout, j’apprécie de ne pas être seule. Mes deux chats m’apportent une présence inestimable, je peux les caresser, leur parler ( je suis certaine qu’ils me comprennent ! ), apprécier les moments que nous partageons sur le balcon au calme et dans la douce chaleur ensoleillée. Ils ne s’éloignent plus très loin, restant proches de moi. Une organisation à deux s’est instaurée:  à chaque fois que l’un deux va se promener dans le jardin , l’autre vient s’installer auprès de moi …

Plus surprenant, dès que je m’approche de la porte-fenêtre pour la fermer, les voila illico presto à l’intérieur … plus besoin de les appeler !!!

Moi , qui ne voulais plus de chats au décès de mon Cachou, me trouvant trop âgée pour assurer le bien-être d’autres chats jusqu’à leur mort, me voilà à remercier chaque jour Tigerli et Capsule de veiller sur moi et d’être présents dans ma vie , supportant mes saute-d’humeur, partageant mes  joies et mes peines au quotidien …T

exte et photo Danielle Foglia-Winiger 

 

 

Cela m’a été confirmé ce matin par mon vétérinaire lorsque je suis allée  le consulter pour Tigerli . C’est impossible qu’un chat puisse être infecté par le Coronavirus … il n’y a donc aucune raison d’avoir peur et d’abandonner son animal de compagnie ….

Je tiens à saluer le grand professionnalisme du vétérinaire de Bernex, qui a appliqué toutes les mesures sanitaires édictées par le Conseil Fédéral lundi dernier.

En arrivant, j’étais seule, je n’ai croisé personne, il me guettait par la fenêtre ouverte, lavage de mains à l’alcool dès le seuil franchi, caisse de transport touchée uniquement par moi, distance de sécurité respectée, auscultation faite dans les règles : pas de proximité humaine, lui assurant avec une grande dextérité la prise en charge médicale de l’animal, de l’auscultation à la piqûre nécessaire …

Le chat fut prié de retourner seul dans sa caisse…

Et en moins de quatre, voilà prête à repartir avec les recommandations d’usage pour les jours à venir …

Toujours personne dans la salle d’attente… d’autant plus surprenant que du plus loin que je m’en souvienne, j’ai toujours connu une salle d’attente animée de miaulements ou aboiements et de discussions entre propriétaires d’animaux …

Voici mon grand malade qui toussait et miaulait faiblement. 

Ce n’est pas le Coronavirus, mais une angine doublé d’une trachéite … il a pris froid tout simplement …

 

Texte et photo

 

Danielle Foglia-Winiger

Lundi 4 Mai 2020

Je les rencontre souvent, s’appuyant l’un sur l’autre, duo ne faisant qu’un : lui aveugle, elle ses yeux et sa conductrice.

Ils ne se parlent pas, marchent à petits pas, ayant trouvé  leur rythme, comme un souffle commun.

Ils étaient assis sur un banc au soleil. Je m’arrête, cela fait si longtemps que l’on se connaît, nos enfants ont fréquenté la même école:

  • Ça va ?

Elle me répond de savoir grave et profonde :

  • Oui… nous profitons de la chaleur du soleil avant de rentrer avec nos courses.

Lui , dans son attitude digne et droite , écoute.

A toutes les Assemblées Générales de notre copropriété, il est toujours bien présent et de son ton professoral donne son avis, des informations et ses connaissances sur les sujets traités  qui animent notre débat et au final nous permettent de prendre une décision qui puisse satisfaire notre communauté.

 

Texte et photographies : 4. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger

Lundi 4 mai 2020

Je les rencontre souvent, s’appuyant l’un sur l’autre, duo ne faisant qu’un : lui aveugle, elle ses yeux et sa conductrice.

Ils ne se parlent pas, marchent à petits pas, ayant trouvé  leur rythme, comme un souffle commun.

Ils étaient assis sur un banc au soleil. Je m’arrête, cela fait si longtemps que l’on se connaît, nos enfants ont fréquenté la même école:

  • Ça va ?

Elle me répond de savoir grave et profonde :

  • Oui… nous profitons de la chaleur du soleil avant de rentrer avec nos courses.

Lui , dans son attitude digne et droite , écoute.

A toutes les Assemblées Générales de notre copropriété, il est toujours bien présent et de son ton professoral donne son avis, des informations et ses connaissances sur les sujets traités  qui animent notre débat et au final nous permettent de prendre une décision qui puisse satisfaire notre communauté.

 

Texte et photographies : 4. 5. 2020

 

Danielle Foglia-Winiger