Bioparc de Bellevue à Genève
Bioparc de Bellevue à Genève
photos et videos : ©Christian BONZON
Tobias Blaha est né en Allemagne. Il se plait à dire qu’il est né dans le monde animal car ses parents s’occupaient de moutons, de chèvres et d’ânes. Très tôt il a su qu’il voudrait travailler dans un zoo et a tout mis en oeuvre pour y parvenir.
C’est à Munich qu’il obtient son titre de Docteur Vétérinaire , accumulant l’expérience dans les soins aux animaux au zoo de Münich, puis à Budapest et dans le Loro Park de Ténériffe.
C’est en Suisse qu’il obtint son premier poste de gérant de Zoo à Lucerne.
Le 1er avril 2018 il succède à Pierre Challandes, fondateur du parc animalier portant son nom, situé sur la Commune de Bellevue. Il devient ainsi à 27 ans et 6 mois, le plus jeune directeur de Zoo.
Bref historique de ce Parc animalier établi par Pierre Challandes
1973 début de l’aventure à Vernier. C’est en été que j’ai fait connaissance de Pierre Challandes en lui apportant notre chat siamois Pastis en pension.
Pierre avait accueilli deux jeunes pumas dont un dompteur de passage à Genève voulait se séparer. Pierre Challandes, passionné d’animaux dès son plus jeune âge se décarcassa pour trouver un lieu pour accueillir ses protégés. Ce fut sur un grand terrain avec une volière abritant encore quelques oiseaux dont des paons que Pierre installa ses pumas leur construisant un enclos. L’accueil des animaux avait un coût en temps mais encore financier. Il avait un job , il eût alors l’idée d’ouvrir une pension pour chats afin de d’augmenter ses ressources financières. C’est sa femme Martine que j’ai connue à Bellevue qui s’occupait avec calme et compétences de tous les chats que je lui confiais en pension.
1977 accueil des Félins
1980-1984 recherche d’un nouveau terrain.
1989-1991 déménagement du Parc
2008 engagement de Sarah, première salariée
2008-2018 l’aventure continue.
2018 engagement du Dr Vét. Tobias Blaha et du Dr en écologie et comportementaliste Sophie Deville.
Pierre Challandes relève que l’Etat de Genève a mis à disposition ce magnifique domaine et que les autorités de Bellevue ainsi que la population l’ont accueilli avec ses animaux sans hésitations .
Petite précision: la pension pour chats n’existe plus car elle ne répondait plus aux nouvelles normes fédérales. Pierre Challandes a préféré investir l’argent nécessaire à sa transformation à d’autres extensions nécessaires à l’accueil de nouveaux pensionnaires.
Le Parc en chiffres
Chaque mois il faut:
500 kg de viande,
1 tonne de fruits et légumes,
800 kg de graines,
plus des compléments vitaminés.
Le travail et l’entretien des animaux nécessitent environ 300 heures hebdomadaires ( travail administratif compris )
Tous ces travaux sont entièrement assurés bénévolement jusqu’en 2008.
Dès 2008 l’Association peut engager quelques salariés.
Le Parc bénéficie toujours de l’aide de bénévoles pour différentes tâches.
Le Parc est géré par une association à but non lucratif reconnue par le Conseil d’Etat de Genève. Elle compte environ 3000 membres .
Elle est dirigée par un comité réélu chaque année.
Modifications et impulsions données par l’équipe de Tobias Blaha dès leur arrivée.
Tout d’abord poursuivre l’oeuvre de Pierre Challandes , entreprendre toutes les rénovations pour mettre le Parc entièrement aux normes fédérales, se fixer de nouvelles missions pour conserver la biodiversité sur le Canton de Genève et au-delà en participant à des programmes de Conservation des espèces en Suisse et à l’Etranger et en proposant des ateliers de sensibilisation et d’éducation à l’environnement, ainsi que le développement d’un centre d’intervention assisté par l’Animal et mener des travaux de recherche in situ.
En 2018 , on a pu assister à la première naissance de jumeaux dans la famille des lémuriens cata . Une telle naissance n’avait encore jamais été signalée dans le Canton.
Les 5 missions du Bioparc
- éduquer et sensibiliser aux problématiques environnementales par l’organisation d’ateliers destinés aux enfants en offrant trois ateliers « Les oiseaux en hiver « , « de l’oeuf au poussin, « l’exploration des petits biologistes » et un carnet découverte disponible pour les visites libres afin d’en apprendre plus sur les animaux du Parc.
- Mener des actions de conservation de la biodiversité locale et exotique. Il s’engage pour la sauvegarde des espèces animales au-delà des frontières avec la Fondation Proyecto Titl qui oeuvre pour la sauvegarde du tamarin pinché en Colombie mais aussi pour la sauvegarde de la faune locale par le biais du programme Wonder Fauna créé par le Parc. Il gère aussi un centre de soins pour la faune sauvage.
- Développer des activités d’interventions Assistées par l’Animal (IAA). Le Bioparc utilise le contact avec l’animal pour aider les personnes souffrant de difficultés
- physiques, psychologiques ou sociales. L’animal est un excellent médiateur de la relation sociale.
- S’imposer comme un centre d’expertise reconnu et mener des travaux de recherches scientifiques
- Offrir un espace de loisirs et de culture unique. Il offre une échappatoire verte dans un environnement semi-naturel tout en permettant l’observation d’espèces sauvages, européennes , exotiques ou rares .
Le Bioparc est depuis août 2019 une nouvelle structure d’accueil pour les apprentis gardiens d’animaux reconnue auprès de l’ OFPC (office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue).
Le Bioparc est un centre d’expertises, grâce à l’expérience et aux compétences de son Directeur et vétérinaire Tobias Blaha, habilité à former les soigneurs animaliers et à délivrer les certificats officiels. Le Dr Blaha est aussi expert pour le centre de compétences pour la garde de la faune sauvage par l’association Zoosuisse depuis mai 2019.
Les effets de la pandémie du Coronavirus sur le Bioparc
Avec l’annonce du premier cas de Coronavirus en mars dernier, le Bioparc a dû fermer ses portes séance tenante,
Cela entraîna un manque à gagner certain d’autant qu’aucun projet d’aide financière n’a été envisagé pour les zoos jusqu’à ce jour.
A cela s’ajoutait le fait que tous les bénévoles venant de France n’avaient plus accès au Parc avec la fermeture des frontières.
Pour pouvoir continuer de fonctionner il a fallu s’adapter aux mesures d’hygiènes et de protections édictées par la Confédération.
Une grande question demeure pourquoi les zoos n’ont toujours pas reçu d’argent de la Confédération ou du Canton . On voit bien qu’ils ont un apport culturel à la population genevoise.
Deuxièmement , pourquoi n’ont-il pas pu ouvrir leurs portes en même temps que les musées alors que tout est prêt pour accueillir le visiteur dans de bonnes conditions, qui plus est en extérieur.
Tobias Blaha est cependant heureux d’ouvrir à nouveau les portes de son Parc Animalier le 6 juin 2020 et ce ne sont pas les projets qui manquent. Il désire, avant tout, continuer à développer les projets engagés sur les 5 missions que s’est donnée l’équipe du Bioparc.
L’interview s’est déroulée dans l’espace réservé aux Lémuriens Cata, domaine d’excellence de Tobias. Nous avons pu les nourrir et ils évoluaient librement autour de nous , rendant parfois la vie difficile à Christian BONZON par leur curiosité et leurs facéties.
Après l’interview , Tobias nous a guidé à travers le Parc. Nous avons eu tout loisir de photographier maras et wallabys, les muntjacs peureux mais cependant attirés par la nourriture que leur tendait patiemment et calmement leur soigneur, les félins dont le lynx, poules et canards, perroquets et aras, cistudes de l’étang . Nous avons pénétré dans l’enclos des derniers venus , des chameaux recueillis après avoir été maltraités dans un cirque. Ils ont intégré l’enclos qui leur a été aménagé
tout exprès pour eux le 16 janvier 2020. Antochka, Aïchada et Batou sont arrivés de Roggwil (Berne). Antochka était gestante, elle a mis bas le 9 mars 2020.
J’ai eu affaire à Batou, l’adolescent du groupe qui cherche les caresses et donne des bisous. J’ai eu à freiner ses ardeurs de jeux , Tobias surveillant et venant à mon secours quand il me bousculait trop fort, le remettant à l’ordre d’un geste calme mais ferme et l’appelant par son nom. Nous avons été frappé par leur maigreur. Tobias nous informant que sa préoccupation demeure pour la femelle blanche et le chamelon qu’ils doivent surveiller du point de vue santé.
Avant de partir, un dernier regard à un renardeau tout joli et vif , recueilli et soigné et dont la remise en liberté est prévue prochainement.
Après cette visite, nous ne pouvons que vous encourager à venir découvrir tous ces animaux qui pour moi étaient de parfaits inconnus pour certaines espèce.
Le zoo offre la possibilité de voir des animaux indigènes et exotiques que nous n’avons pas l’occasion d’observer, il permet en plus la conservation d’espèces en voie de disparition en offrant un lieu avec des conditions optimum à la reproduction de couples d’animaux, d’oiseaux ou de reptiles sans la crainte de prédateurs de la faune sauvage , voire de l’homme.
Bioparc Genève
33, rte de Valavran
1203 Bellevue GE
Texte Danielle Foglia-Winiger